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Intervention de Christian Estrosi

Réunion du 28 avril 2010 à 15h00
Débat sur l'évolution de l'emploi industriel

Christian Estrosi, ministre chargé de l'industrie :

C'est l'exemple allemand, auquel vous avez eu raison de faire référence, monsieur Bocquet, que nous suivons, avec dix ans de retard. L'Allemagne a choisi d'organiser des filières et de défendre un certain patriotisme industriel. Pour ma part, qu'on me dise que je fais du protectionnisme ou de l'interventionnisme ne me pose aucun problème. Cela ne me pose aucun problème de dire à Renault, dont l'État est actionnaire, que la Clio 4 ne doit pas être produite en Turquie mais à Flins, pour ce qui est destiné à la France et en grande partie pour ce qui est destiné à l'Europe.

De même, c'est à Flins que Renault va sortir en 2011 le premier véhicule électrique français, la Zoé. Très bien ! Mais quand, à y regarder de plus près, je constate qu'il n'y aura que 35 % de composants français, je n'ai pas peur de demander clairement à Renault de monter à 70 % au minimum. Je crois en effet au « fabriqué en France » et dans le cadre des mesures des états généraux de l'industrie que je veux mettre en oeuvre, dans les prochaine semaines, l'étiquetage sur l'origine des composants pourrait être exigé sur chaque produit. En lisant qu'un produit comprend 40 % de composants français, 20 % de composants allemands, 10 % de composants coréens, il appartiendra au consommateur de faire son choix. Or l'enquête d'opinion que j'ai fait lancer il y a deux semaines par mon ministère montre que 91 % des Français sont attachés aux produits fabriqués en France et que 88 % d'entre eux considèrent que c'est un gage de qualité. (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe GDR.).

Je veux donc me battre de toutes mes forces pour organiser des filières à la française, comme l'ont fait les Allemands il y a une dizaine d'années. Dans cet objectif, je viens de nommer Jean-Claude Volot médiateur de la sous-traitance. Il sera chargé d'exiger que lorsqu'un grand industriel décide de la fabrication d'un produit, il réunisse les équipementiers et les sous-traitants, pour s'assurer que c'est toute la chaîne de production française qui va se mettre en marche et que le produit comportera en majorité des composants français. Quand j'apprends que, pour la Zoé, Renault va acheter le compresseur chez Denso, filiale de Toyota au Japon, alors que Valeo peut très bien le produire, cela me dérange. D'ailleurs, l'ensemble des partenaires des états généraux de l'industrie partage ce sentiment avec nous. Et si le Gouvernement a été conduit à mettre en oeuvre vingt-trois mesures, c'est parce qu'il a décidé d'inverser le courant et d'en finir avec les dérives dues à trente années d'abandon de la politique industrielle en France.

Monsieur Bocquet, accompagner le développement de PME et de PMI, c'est d'abord soutenir l'innovation. C'est ce que nous faisons avec la montée en puissance des pôles de compétitivité qui bénéficient à nouveau, pour la période de 2009 à 2011, d'une dotation totale d'1,5 milliard d'euros de crédits de l'État. Par ailleurs, en 2010, notre crédit d'impôt recherche, dont chacun s'accorde à reconnaître qu'il s'agit d'un dispositif particulièrement performant, représentera un soutien de l'État de l'ordre de 4 milliards d'euros.

Enfin, nous nous attachons à mettre en place un cadre avantageux pour les jeunes entreprises innovantes, et notamment pour 3 000 d'entre elles qui ont bénéficié de plus de 100 millions d'euros d'exonérations de charges sociales.

Nous devons aussi soutenir la compétitivité de nos entreprises. C'est tout l'objet de l'exonération de la taxe professionnelle, tant combattue sur vos bancs, qui représente, en 2010, une économie pour les entreprises de 12 milliards d'euros, dont près de 2 milliards bénéficient directement à l'industrie.

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