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Intervention de Roland Muzeau

Réunion du 27 avril 2010 à 15h00
Questions au gouvernement — Réforme des retraites

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoland Muzeau :

Monsieur le Premier ministre, dans la droite ligne des réformes Balladur et Fillon qui n'ont en rien réglé la question du financement de nos régimes de retraites mais qui sont, par contre, responsables du creusement des inégalités entre retraités et de l'appauvrissement de ceux-ci, votre gouvernement et la majorité s'apprêtent à porter un coup fatal à notre système de retraite par répartition.

Sous couvert de crise financière et économique, de déficits abyssaux, de complicité avec le MEDEF, vous voulez imposer de nouveaux reculs majeurs, vous voulez que les Français partent plus tard à la retraite, qu'ils cotisent plus longtemps, qu'ils perçoivent des pensions amoindries.

Pour cela vous n'hésitez pas à faire du Conseil d'orientation des retraites votre outil médiatique de manipulation de l'opinion publique, tout en sachant très bien que les projections financières à l'horizon 2050 sont des plus fantaisistes.

Qui sont ces experts qui, aujourd'hui, prétendent être crédibles sur de telles échéances ? Ceux, souvent les mêmes, qui encensaient hier la capitalisation, système spéculatif qui a plongé un nombre gigantesque d'hommes et de femmes dans la détresse, n'ont pas plus de crédibilité en donneurs de leçons.

Sachez, monsieur le Premier ministre, que la retraite à 60 ans n'est pas négociable. Ne soyez pas tenté, comme vous l'avez fait pour les 35 heures, de laisser ce marqueur symbolique tout en le vidant de son contenu et de son effectivité, par exemple au moyen de mécanismes de décote scandaleux.

Garantir notre système de retraite exige une vraie politique de l'emploi public et privé, notamment en direction des jeunes. Il faut aussi avoir le courage de toucher à la répartition des richesses, d'élargir l'assiette des cotisations sociales aux revenus financiers, de faire contribuer l'ensemble des revenus du travail – bonus, stock-options, intéressement et participation.

Monsieur le Premier ministre, votre ambition est d'agir à marche forcée, corsetant ainsi le temps du débat public, avec un texte qui serait examiné en urgence en septembre.

Avec des dizaines de milliers de pétitionnaires, avec l'ensemble des organisations syndicales je vous demande de renoncer à votre projet et à son calendrier, pour respecter l'exigence d'un large débat démocratique. Je vous demande de laisser du temps, et donc toutes ses chances, à une réforme de fond de notre système de retraite par répartition. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

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