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Intervention de Patrick Bloche

Réunion du 7 avril 2010 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Bloche :

Je vous remercie tout d'abord, madame la présidente, d'avoir pris l'initiative de ces deux tables rondes pleinement d'actualité et qui rejoignent la demande formulée par notre groupe de nous ressaisir de la question de la publicité sur les chaînes publiques, notre préoccupation, pour ne pas dire notre obsession, étant de trouver le moyen d'un financement pérenne de l'audiovisuel public.

Le grand absent de cette matinée, celui que nous aurions reçu avec délectation, c'est Alain Minc, duquel tout est venu, après une conversation entre deux portes, à l'Élysée, qui a conduit le Président de la République à la funeste annonce, en janvier 2008, de la suppression de la publicité sur les chaînes publiques. Nous ne reviendrons pas sur tout ce qui s'est passé depuis lors. Pour notre part, nous ne voudrions surtout pas, parce que la réforme n'a pas marché et que le transfert attendu de recettes publicitaires des chaînes publiques vers les chaînes privées ne s'est pas produit, qu'on oublie l'objectif principal de la loi du 5 mars 2009. Comme la loi de 2007 qui avait accordé aux chaînes privées historiques des « chaînes bonus » sur la TNT, cette loi de mars 2009, à laquelle nous nous sommes opposés de la façon que vous savez, était d'abord un cadeau aux chaînes privées, son objectif principal étant d'assurer un transfert de recettes publicitaires à leur profit. La question n'a jamais été pour nous de savoir si l'on était pour ou contre la publicité. Notre seul souci, notre seule obsession étaient de savoir comment serait financé l'audiovisuel public après la réforme. Des menaces sérieuses pèsent aujourd'hui sur ce financement, du fait de la procédure intentée par la Commission européenne au sujet d'une taxe qui devait rapporter 360 millions d'euros et compenser, pour l'essentiel, le manque à gagner résultant pour France Télévisions de la suppression de la publicité après 20 heures.

Pour le reste, si la publicité y est maintenue avant 20 heures, comme l'idée en a été évoquée, ce dont nous réjouirions, on ne saurait parallèlement privatiser la régie publicitaire de France Télévisions. Ce serait pour ses acheteurs potentiels, M. Courbit et M. Lévy, un double « effet Kiss Cool », un double cadeau, la régie étant vendue à un prix inférieur à sa valeur alors même qu'ils pourraient profiter du marché offert par France Télévisions avant 20 heures.

Je souhaiterais maintenant poser une question aux spécialistes ici réunis de la publicité à la télévision. La réforme de 2009 a entraîné un déficit pour France Télévisions, avec à la clé, hélas, un plan social et la renégociation d'une convention collective que la loi de mars 2009 a fait exploser. Mais, ce dont nous nous réjouissons, France Télévisions a pu engranger 140 millions d'euros de recettes publicitaires supplémentaires, en journée donc, ce qui n'était pas du tout prévu lors du vote de la loi. Comment expliquez-vous cette bonne surprise, alors que les chaînes privées, elles, ont vu leurs recettes publicitaires diminuer ? Cela tient-il à la qualité exceptionnelle de la régie publicitaire du groupe public et à l'immense talent de ses 280 salariés ?

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