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Intervention de François Pupponi

Réunion du 23 mars 2010 à 21h30
Encadrement de la profession d'agent sportif — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Pupponi :

On a beaucoup parlé des agents de joueurs professionnels et des clubs professionnels. Moi, je vais parler de la dure réalité que constitue le comportement des clubs professionnels vis-à-vis des mineurs.

Les agents ne sont pas tous responsables de ce qui se passe. Ce sont en effet souvent les clubs professionnels, bien connus sur la place publique, qui, tous les dimanches, sur tous les terrains de France, envoient des recruteurs qui sont, je pèse mes mots, des négriers modernes. Ils viennent dans les quartiers populaires, là où vivent les familles les plus défavorisées, assistent à des matches opposant des enfants de moins de treize ans et, à la fin, raccompagnent un enfant chez lui. Ils repartent ensuite avec lui, après avoir donné à ses parents des espèces ou leur avoir acheté des écrans plats ou des frigidaires. Ces négriers modernes sont rémunérés directement par les clubs, soutenus par les fédérations.

Ce n'est pas le fait des agents des grands sportifs, mais celui de clubs professionnels. Le problème, madame la secrétaire d'État, c'est que rien ou presque, dans ce texte, ne permettra de mettre un terme à de telles pratiques. Ceux qui pourraient être mis en cause sont les agents des mineurs, mais les mineurs n'ont pas d'agents.

Ces personnes sont souvent payées au noir par les clubs, n'ont donc pas de contrats officiels, personne ne les connaît officiellement, mais, tous les week-ends, je le répète, elles font le tour des stades, en particulier en Île-de-France, pour ramener des enfants dans les grands clubs professionnels.

Nous savons que, sur dix enfants que l'on envoie dans ces clubs professionnels, neuf reviennent deux, trois ou quatre ans après dans leur ville d'origine, physiquement, socialement et scolairement cassés, et honteux, en outre, d'avoir déçu leur famille et leur quartier.

C'est ce qui se passe quotidiennement dans nos territoires, et j'invite le rapporteur à venir le dimanche en banlieue pour le constater. Que fait-on pour éviter cet esclavage moderne ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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