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Intervention de Jean-Pierre Dufau

Réunion du 9 février 2010 à 9h30
Accord france-chine sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Dufau :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'État, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, l'examen de l'accord avec la Chine sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements nous vaut le bonheur de nous retrouver ce matin. Je n'ai pas choisi ce mot par hasard, il est intentionnel : je vous souhaite à tous une bonne et heureuse année du Tigre. Je peux vous assurer, monsieur le secrétaire d'État, que le groupe SRC formule le meilleur pour les relations entre la France et la Chine. Il votera donc en séance plénière, comme il l'a fait en commission, cet accord franco-chinois sur les investissements. Bonne année du Tigre donc, à la Chine comme à la France !

Ces voeux coïncident avec ceux, plus occidentaux et convenus, de la Saint-Valentin. Le rapprochement du Tigre et de Saint-Valentin est-il heureux ? Annonce-t-il la concrétisation d'une idylle, à l'occasion du déplacement à Shanghai que doit effectuer le président Sarkozy ou de la venue à Paris dans quelques mois de M. Hun Jintao, chef de l'État chinois ? Je ne suis pas un spécialiste de l'horoscope chinois. Néanmoins, à croire les connaisseurs, cette année du Tigre serait une « année aveugle », que l'on dit peu propice aux épousailles réussies. Sans doute est-ce pour cela que notre collègue député, par ailleurs secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, avait anticipé en privilégiant l'année du Boeuf pour convoler en justes noces avec le chef du département international du Comité central du parti communiste chinois, M. Wang Jiarui, le 22 octobre 2009 !

Permettez-moi de rappeler à ceux qui l'auraient oublié que l'Union pour un mouvement populaire et son parti-frère chinois – le parti communiste – ont signé un mémorandum d'entente sur les échanges et la coopération en sept points. Il s'agit, à lire l'exposé des motifs, « sur la base de la non-ingérence dans les affaires d'autrui, d'assurer un développement sain, stable et à long terme des relations sino-françaises ».

Serions-nous donc en régime de parti unique pour que l'UMP monopolise ainsi la relation sino-française ? Peut-on pousser la confusion entre parti et État, au point d'inscrire, sur les tables de la loi, le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d'autrui ? Autant de questions qui méritent d'être posées.

Elles l'ont été, pour les raisons que je vais évoquer, par les socialistes, mais aussi, et c'est tout à son honneur, par M. Patrick Devedjian, ex-secrétaire général de l'Union pour un mouvement populaire. Répondant, en novembre 2009, aux questions d'un journaliste dont on comprend le malaise et la perplexité, M. Devedjian, qui était alors encore responsable de l'EPAD, a tenu à faire une mise au point dans les termes suivants : « J'ai entretenu de bonnes relations avec la Chine, mais je n'ai pas signé d'accord avec le parti communiste chinois ». Sans commentaire…

M. Devedjian avait raison : la Chine est un grand pays de culture et d'histoire, mais aussi une grande puissance économique, financière, diplomatique et militaire. En d'autres termes, la Chine est aujourd'hui une puissance globale que nul ne peut ignorer. Sur toutes les grandes questions, qu'il s'agisse des dossiers nucléaires, coréens et iraniens, du réchauffement climatique, de la crise économique mondiale, la Chine a son mot à dire. La Chine parle et la Chine est écoutée.

Certains craignent l'émergence d'un G 2, d'une bipolarité avec les États-Unis. Pékin, et cela est positif, entend privilégier une gestion collective et multilatérale de toutes les questions que j'ai signalées. Il faut donc, comme le disait M. Devedjian, entretenir de bonnes relations avec la Chine.

Faut-il pour autant, au-delà des États, aller au-delà, comme l'ont fait M. Xavier Bertrand et l'UMP ? Les socialistes ne le pensent pas. Les relations les plus solides doivent être fondées sur la clarté. Chacun doit défendre ce qu'il est, son identité. Les partis politiques ont pour vocation, du moins dans notre pays, de porter des valeurs et de les rappeler. La défense de l'identité française est inscrite en toutes lettres sur le fronton de nos mairies et de nos écoles : « Liberté, égalité, fraternité ». Voilà quelles sont les valeurs de la République, qui méritaient, en ces temps de débat sur l'identité nationale, un autre sort que celui d'une lobotomie volontaire concernant la Chine. La France sera d'autant plus elle-même, et d'autant plus respectée, si elle affirme haut et clair ses principes. Passer sous les fourches caudines d'un Munich des droits et libertés conduit à Canossa.

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