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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 18 mai 2009 à 21h30
Organe central des caisses d'épargne et des banques populaires — Question préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

C'est immoral, une honte ! Que vous osiez les soutenir est indécent, insupportable !

Madame la présidente, madame la ministre, avant que ne soient connus les très mauvais résultats financiers de Natixis, au premier trimestre 2009, M. Pérol, futur président d'écureuil-banques populaires, avait déclaré, lors de l'assemblée générale des actionnaires de Natixis le 30 avril dernier : « Il y a des compétences dans votre société. Je sais que cela ne se voit pas dans les résultats, mais je ne laisserai pas dire que cet actif est un mauvais actif. Il y a eu une crise, personne ne l'a vue venir, mais vous non plus ! »

Ces fortes paroles qui étaient prononcées alors que M. Pérol devait faire face à l'expression de la colère légitime des actionnaires de Natixis, gravement spoliés – monsieur Chartier, vous n'en parlez pas de ceux-là – méritent que l'on s'y arrête.

Prenons d'abord la dernière phrase où M. Pérol tente, maladroitement, de s'abriter derrière l'alibi de la crise pour exonérer les dirigeants de la banque de leurs multiples opérations spéculatives et fautes de gestion, qui devraient relever de la justice et permettre notamment l'indemnisation des petits actionnaires floués. À quand les enquêtes préliminaires pour MM. Milhaud et Bouton ? À quand les mises en garde à vue de ces gens qui ont gaspillé les milliards des déposants ?

Curieusement, M. Pérol parle de la crise en employant le participe passé, comme si elle était terminée – c'est évidemment très loin d'être le cas ! Surtout, il affirme que personne ne l'a vue venir. L'aveu est de taille, venant d'un homme qui était, il y a encore deux mois, un proche collaborateur du Président de la République, qui, dans la légende « sarkozyenne », est censé être le premier homme politique à avoir dénoncé la crise. Mais, à l'époque, M. Pérol était plus modestement payé : il ne pouvait pas étaler les compétences qu'il déploie dans ses responsabilités actuelles.

Il souligne ainsi involontairement que les avertissements et les analyses produits par plusieurs économistes – Nouriel Roubini, Kenneth Rogoff, Stephen Roach, Jacques Mistral, les prix Nobel Joseph Stiglitz et Paul Krugman – et par des responsables politiques de gauche, sur les risques que faisaient courir la financiarisation généralisée et effrénée de l'économie ainsi que l'explosion du volume des crédits à hauts risques, n'ont absolument pas été entendus à l'Élysée.

Dans son programme électoral, le candidat Sarkozy annonçait d'ailleurs sa volonté de développer en France les crédits hypothécaires rechargeables, c'est-à-dire les subprimes à la française, alors même que la crise se déclenchait aux Etats-Unis.

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