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Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 9 décembre 2009 à 15h00
Déclaration du gouvernement préalable au conseil européen et débat sur cette déclaration

Pierre Lellouche, secrétaire d'état chargé des affaires européennes :

Je suis là pour écouter et dialoguer, monsieur le président. Ce que je veux simplement vous dire, monsieur Asensi, c'est que l'aide publique au développement est plutôt en hausse. Certes, on peut dire qu'il serait bon d'être à 0,7 % du PIB. Nous sommes à 0,44 %. Je veux que vous sachiez, quand même, que l'aide publique de l'Union européenne est constituée à 20 % par de l'argent français, qui malheureusement, je le dis au passage, perd son drapeau français. Nous avons fait un choix ; nous avons décidé d'être européens – peut-être trop –, et l'essentiel de notre aide au développement passe par les canaux de l'Union européenne. Honnêtement, nous n'avons pas à rougir de l'effort que nous faisons. Ce qu'il faut, c'est s'assurer que cet argent soit mieux dépensé, en synergie avec les États, et que la contribution de la France soit reconnue. Mais je pense que la nomination du Haut représentant de l'Union européenne servira justement à cela.

Monsieur Rochebloine, je tiens à vous dire que la PAC sera un enjeu majeur de la grande négociation qui va commencer dans les mois qui viennent sur ce qu'on appelle les perspectives financières. Il y a maintenant un clivage évident à l'intérieur de l'Union, ce n'est pas la peine de se cacher derrière son petit doigt. Vingt-deux pays, que Bruno Le Maire va d'ailleurs réunir demain, à Paris, considèrent que l'agriculture est un enjeu stratégique. Nous, Français, nous le disons et le répétons. Mais ce n'est pas parce que nous sommes français que nous le disons. L'image du Français agricole, paysan, c'est une plaisanterie. L'agriculture revêt une importance stratégique dans une planète qui comptera neuf milliards d'êtres humains dans trente ans. Il y va, naturellement, d'une puissance géopolitique. Il y va de la sécurité de nos concitoyens et des Européens, en termes de qualité et de traçabilité. Il y va de l'aménagement du territoire dans une phase de grand changement climatique.

Bref, il serait totalement fou de priver l'Europe d'un de ses instruments de puissance majeurs à l'échelle de la planète, et ce au moment où des fonds souverains asiatiques ou du Golfe, achètent à tour de bras, là où ils le peuvent, des terres agricoles. Nous avons des réservoirs de terres agricoles considérables, en Europe de l'Ouest et de l'Est. Le président Poniatowski évoquait tout à l'heure l'Ukraine.

Ayons une vision stratégique, et non pas simplement mercantile. Il ne s'agit pas seulement de savoir combien de fonds sont dépensés. Je rappelle d'ailleurs que les États-Unis, grand pays libéral, subventionnent leur agriculture à hauteur de 25 milliards de dollars par an.

Par conséquent, il faut atterrir, être dans le réel. C'est pour cela que le Président de la République est tout ce qu'il y a de plus clair. Il dit : « Je ne cèderai pas, parce que ce qui est en cause, c'est stratégique pour la France, son avenir, son identité, sa puissance économique, et même son indépendance nationale. » Cela est d'ailleurs vrai de la France comme de l'Europe.

À partir de là, il y aura une discussion, qui ne sera pas simple, avec les « récalcitrants ». Nous verrons. Ce que je sais, c'est que nous, les Français, nous mettons aujourd'hui 19 milliards au pot. Nous en retirons 14, dont 11 pour la PAC. Nous sommes donc contributeur net à hauteur de 5 milliards. Ce n'est pas gratuit, notre présence dans l'Europe. Cela sert à beaucoup de choses, cela sert à être multiplicateur de puissance, cela sert à faire le bien en Europe de l'Est, mais c'est quand même 5 milliards. Et il y a 1,5 milliard par an au titre du chèque britannique, vingt-cinq ans après. Je dis qu'il y a de la marge dans la négociation,…

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