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Intervention de François de Rugy

Réunion du 8 décembre 2009 à 15h00
Débat sur l'identité nationale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Assurément. Avec la fraternité ? Ce n'est malheureusement même pas la peine d'en parler. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

Contrairement à vous, nous ne réduisons pas la question de l'identité à la question de l'identité nationale. Par ailleurs, nous refusons un débat déclenché artificiellement d'en haut, organisé sur ordre par les préfets. La réflexion sur l'identité, qui est d'abord, pour nous, une réflexion personnelle de chacun, cette réflexion-là est permanente. Qui aurait imaginé un jour qu'elle serait commandée, imposée même, par l'État et le Gouvernement ? Qu'aurions-nous dit si un autre pays avait fait cela ?

L'identité de chacun ne se réduit pas à l'identité nationale. Nous défendons une vision autrement plus complexe qui intègre et respecte l'histoire personnelle, familiale et sociale de chacun. Je pourrais à mon tour évoquer l'identité de personnes particulières.

C'est l'honneur de la France que de respecter cette liberté essentielle. L'identité de chacun se nourrit de cultures diverses : par exemple, la culture ouvrière, la culture paysanne, la culture maritime, la culture montagnarde… Je pourrais allonger la liste pour notre pays.

Bien sûr, il y a aussi une dimension collective. La force de la France est aussi de permettre à chaque trajectoire individuelle de participer à une histoire collective, elle-même toujours en perpétuelle construction.

Tout le monde, d'ailleurs, n'a sans doute pas les mêmes références historiques. Peut-être ici même, dans cette assemblée, les références des uns et des autres ne sont-elles pas les mêmes. Pour nous, la Révolution de 1789 fait partie de l'identité nationale, mais aussi la Commune de Paris, juin 1936, juin 1944, mai 1945 et, ne vous en déplaise, mai 1968.

Nous voulons rapprocher la question de l'identité de celle du sentiment d'appartenance. En France, le sentiment d'appartenance à cette communauté de vie et de destin qu'est la nation n'est pas exclusif d'autres sentiments d'appartenance. On raille parfois l'esprit de clocher ; mais de la commune, parfois même du quartier, au monde, en passant par la région, la France ou l'Europe, les sentiments d'appartenance s'additionnent et s'imbriquent subtilement et utilement. C'est pour nous le meilleur antidote au racisme et à la xénophobie. À cet égard, je tiens, monsieur le ministre, à dénoncer vos propos rapportés dans Le Monde de ce soir, selon lesquels il faudrait une « hiérarchie » entre les sentiments d'appartenance.

Pour les écologistes, s'il y a bien quelque chose à cultiver, c'est ce sentiment de multi-appartenance, y compris par un apprentissage, en plus de la langue française, de différentes langues : des langues régionales aux langues des pays d'origine, trop souvent ignorées par notre enseignement.

Quand je disais que ce débat, ce questionnement sur l'identité, doit être permanent, je voulais souligner à quel point il est lié aux différents choix politiques que l'on fait. On ne peut pas monter de toutes pièces un débat sur l'identité nationale sans faire le lien avec les valeurs de la République ni avec les choix politiques sur des sujets aussi essentiels que la solidarité nationale, l'école, la sécurité sociale, les services publics ou encore, et surtout, la fiscalité. Oui, aujourd'hui l'école publique, La Poste ou la SNCF sont autant constitutifs de l'identité française que le drapeau bleu-blanc-rouge ou La Marseillaise.

À quoi bon parler de l'identité nationale si l'on ne fait pas de la cohésion nationale une priorité ? Il n'y aura pas de cohésion nationale sans cohésion sociale. Il n'y aura pas de cohésion nationale sans cohésion territoriale. Comment parler d'une France une et indivisible, aujourd'hui, quand on a laissé se créer des ghettos, quand on laisse les banlieues et les quartiers en difficulté sans perspectives ?

Comment oser parler d'identité nationale quand on en est à demander des certificats de nationalité à certains Français qui viennent faire renouveler leur carte d'identité dans les mairies ou les préfectures ?

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