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Intervention de Pierre Louette

Réunion du 2 décembre 2009 à 16h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Pierre Louette, président-directeur général de l'Agence France-Presse :

Je viens de découvrir la question posée par les syndicats : « Approuvez-vous ou non le projet de changement de statut qui prévoit notamment la création d'une société par actions ? ». Poser ainsi la question est y répondre. Que l'AFP devienne une société par actions ne fait évidemment pas partie des souhaits de ses journalistes. Si l'on demandait de se prononcer sur un projet de recherche de financement nouveau pour développer l'Agence et assurer son avenir, peut-être pourrait-on attendre davantage de réponses positives… J'anticipe donc avec sérénité une désapprobation extrêmement majoritaire.

À cela s'ajoute qu'une partie du personnel, notamment les étrangers et les employés locaux, ne pourra pas voter. Pour autant, il faudra tenir compte du résultat. Je vais continuer d'essayer de convaincre. Je viens d'achever une tournée de tous les services rédactionnels – douze – de l'Agence. J'ai passé deux heures dans chacun d'eux. Je comprends intimement l'inquiétude que peut susciter l'idée d'un changement de statut. Cependant, l'AFP est peut-être la seule institution dans le monde à ne pas avoir de comptes à rendre. Cette situation a pour conséquence ce que j'appelle « la suspension des évidences ». Ailleurs qu'à l'AFP, il est évident pour tous qu'il faut que quelqu'un paye pour faire fonctionner une organisation, et qu'il est logique que, à l'occasion, des comptes soient rendus sur l'utilisation de l'argent alloué, la qualité du travail et les choix faits. Le financement de l'AFP a quant à lui toujours été assuré. Au contraire de certains, je considère que cette situation ne peut continuer toujours.

Mon équipe et moi avons renfloué les caisses de l'AFP. Nous avons continué à recruter des journalistes ; une expression comme « maison des précarités » est donc une hyperbole plus qu'excessive. Si je souhaite contribuer à la transformation de l'Agence, celle-ci est entre vos mains. Il vous revient de vous forger une conviction et de veiller à la protection de l'indépendance de l'AFP. Vous saurez le faire, je le sais. L'AFP doit tirer de la réforme un renforcement financier, sans aucun amoindrissement de son indépendance. J'ai indiqué par le passé qu'il était pour moi totalement exclu, par exemple, que le président de l'AFP soit nommé en conseil des ministres, comme c'était le cas du directeur général de l'Agence entre 1944 et 1957. La jurisprudence du Conseil d'État garde le souvenir d'arrêts relatifs à la situation de celui-ci au regard du Gouvernement. Personne ne souhaite le retour à un tel statut.

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