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Intervention de Patrick Bloche

Réunion du 2 décembre 2009 à 16h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Bloche :

Ces auditions très utiles nous éclairent sur les enjeux auxquels l'Agence est confrontée. La dernière fois que le Parlement s'y était véritablement intéressé, c'était au temps où M. Giuily en était le président, et l'aspect économique était alors notre principale préoccupation. À l'époque, en effet, l'Agence était déficitaire et sa survie était en jeu. Aujourd'hui, nous revenons sur ce sujet avec la perspective de devoir légiférer pour des raisons d'ordre statutaire plutôt qu'économique.

Je me souviens que le ministre de la culture et de la communication a, lors de l'examen des crédits consacrés aux médias, manifesté une grande prudence. Il disait vouloir étudier plusieurs scenarii avant de trancher. Ce temps supplémentaire est utile pour les législateurs que nous sommes.

Je pense que les députés socialistes présents ont trouvé vos arguments très convaincants. J'ai pour ma part ressenti moins fortement que Michel Herbillon le fait que vous seriez viscéralement attachés au statut de 1957. Vous êtes surtout apparus à mes yeux comme attachés à l'indépendance de l'AFP, ce qui est le souci de tout journaliste. L'indépendance est un enjeu important du point de vue du pluralisme et de la démocratie, mais il l'est aussi – et vous avez eu raison d'insister sur ce point – pour la crédibilité de l'AFP, notamment à l'étranger. Même si le Parlement français sera, le cas échéant, amené à légiférer, il ne s'agit pas, en effet, d'un enjeu franco-français. Vous avez d'ailleurs insisté à juste titre sur le rôle international joué par l'Agence. On peut noter également que cette question concerne aussi la francophonie.

Si vous perdez votre indépendance, vous perdez votre crédibilité, ce qui ne serait pas sans conséquence du point de vue économique : que les nombreux médias internationaux abonnés à l'AFP renoncent à cet abonnement poserait en effet un sérieux problème.

Vous avez évoqué la question de la gouvernance. Si celle-ci était amenée à évoluer, en écartant tout risque d'étatisation – ainsi que tout risque de privatisation, les deux étant liés, vous l'avez montré –, quel modèle pourrait permettre de sortir de la logique actuelle, à la fois absurde et schizophrénique ? Elle est en effet absurde si des organes de presse qui se désabonnent peuvent siéger au conseil d'administration, dans lequel la PQR est historiquement surreprésentée. Elle est même schizophrénique lorsque les représentants des médias à ce conseil fixent des tarifs qu'ils contestent ensuite et renégocient à la baisse en tant que clients…

Mais le modèle économique est la vraie garantie de l'indépendance. Quel pourrait être le modèle économique pérenne de l'Agence ? Vous avez signalé que la part de l'État était passée de 60 à 40 %. Admettons qu'elle se stabilise : quelles pourraient être les conséquences de la crise que connaît la presse écrite ? Une multiplication des désabonnements pourrait se traduire par d'importantes pertes de recettes, en dépit du développement de l'Agence, et même si celle-ci a relevé bien avant d'autres médias le défi du numérique. Je sais que cela ne relève pas forcément de votre rôle de syndicats, mais avez-vous des préconisations à faire en ce domaine ?

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