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Intervention de Axel Poniatowski

Réunion du 2 décembre 2009 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur la conférence de copenhague et débat sur cette déclaration — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAxel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères :

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, la question posée à Copenhague est non seulement celle de la préservation et de la protection de notre bien commun, la planète, mais aussi celle de la sécurité et de l'accès de toutes les populations de la planète aux ressources vitales que sont l'énergie, l'eau et les terres cultivables.

La relation de cause à effet entre, d'une part, nos modes de vie et notre modèle de développement de plus en plus voraces en ressources énergétiques et, d'autre part, la dégradation rapide de l'environnement et du climat due aux trop fortes émissions de CO2 est désormais démontrée.

Derrière ce constat, on trouve cependant une situation qui révèle de grandes inégalités, puisque les principaux pays émetteurs de CO2 ne sont pas nécessairement ceux qui ont le plus à souffrir des conséquences du changement climatique et de la raréfaction des ressources naturelles. Certes, les catastrophes climatiques frappent parfois les pays les plus riches – je pense bien sûr aux États-Unis et à La Nouvelle Orléans ravagée par le cyclone Katrina – mais les continents les plus gravement atteints restent l'Asie et l'Afrique. Celle-ci, confrontée à des problèmes de développement économique considérablement aggravés par les dérèglements climatiques, comme des vagues de sécheresse, des pluies diluviennes et l'avancée des déserts, connaît des tensions sociales et politiques, qui en font le continent de tous les conflits.

À titre d'illustration, un rapport du Programme des Nations Unies pour l'environnement précise : « La tragédie du Darfour n'est pas seulement la tragédie d'un pays d'Afrique, c'est une fenêtre sur le reste du monde qui met en évidence la manière dont des problèmes tels que l'épuisement incontrôlé des ressources naturelles, conjugués à des impacts comme les changements climatiques, peuvent déstabiliser les communautés, voire même des nations entières. »

On le voit, la question environnementale est centrale, en raison de ses implications sur la vie de populations de plus en plus nombreuses.

À cet égard, je souhaite m'arrêter sur cette loi du nombre, car s'il existe une corrélation énergie-climat, il existe également un lien entre démographie et climat. Je souhaiterais insister sur cette relation, qui doit à mon sens venir compléter toute réflexion en faisant directement entrer dans le débat, la question de la croissance exponentielle des populations, et donc, de l'aide au développement.

La population mondiale s'élève aujourd'hui à environ 6,5 milliards d'habitants, la Chine et l'Inde comptant chacune plus d'un milliard d'entre eux. De façon plus générale, la terre gagne chaque semaine 1,5 million d'habitants et, selon les experts, la population mondiale devrait se stabiliser autour de 9 milliards d'individus à l'horizon 2050. Les projections réalisées par le Fonds des Nations unies pour la population montrent que cette augmentation concernera essentiellement l'Afrique, laquelle devra gérer une population urbaine qui aura triplé entre 2000 et 2030, et l'Inde, dont l'importance de la population dépassera celle de la Chine.

La croissance démographique produit d'ores et déjà ses effets sur le climat : elle crée une pression sur l'usage des sols, en transformant des forêts en terres agricoles, soit pour des cultures vivrières comme à Madagascar, ce qui est un moindre mal, soit pour de grandes cultures intensives d'exportation comme au Brésil, en Asie du Sud-Est ou dans certaines régions d'Afrique. Avec elles, ce sont les puits de carbone qui diminuent, alors qu'au contraire, nous aurions besoin qu'ils s'accroissent.

Cette situation est d'autant plus préoccupante que les pays en croissance démographique forte se trouvent dans des zones menacées de désertification, comme au Sahel, ou sujettes à la montée des eaux, comme au Bangladesh. Le phénomène des réfugiés climatiques risque de se généraliser à l'échelle de plusieurs millions de personnes.

Il devient de plus en plus difficile de satisfaire les besoins vitaux élémentaires de populations en explosion démographique, ce qui entraîne l'épuisement des terres, la raréfaction des ressources en eau, le déséquilibre de la biosphère et conduit à terme à l'instabilité climatique et forcément à l'instabilité politique. Comment sortir de cette spirale ?

Les politiques de développement ont tout leur rôle à jouer dans ce combat. Nous connaissons le lien entre pauvreté et taux de natalité. Une soixantaine de pays affichent toujours un taux de fécondité de 5 %, alors que la moyenne mondiale est à 2,5 % et que la moyenne européenne est inférieure à 2 %. Or toute élévation du niveau de vie qui s'accompagne d'une amélioration des conditions sanitaires et de santé fait chuter systématiquement la natalité.

Comme vient de le souligner le récent rapport du Fonds des Nations unies pour la population, publié en novembre, la maîtrise du facteur démographique a un impact direct sur le niveau des émissions de C02.

Monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, notre défi est immense : nous devons mettre en place un monde sobre en émissions de carbone, mais aussi contenir l'augmentation exagérée de la population sur notre planète. L'un des enjeux de Copenhague sera de fixer, en sus des objectifs de diminution chiffrée des émissions de gaz à effet de serre, également des objectifs de croissance raisonnable des populations dans les zones les plus exposées et, pour cela, augmenter notre aide en matière de développement économique, d'éducation et de santé. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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