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Intervention de Henri Emmanuelli

Réunion du 15 octobre 2009 à 15h00
Rémunérations des dirigeants d'entreprises et des opérateurs de marché — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHenri Emmanuelli :

Tout cela n'est pas sérieux.

S'il n'y avait que le scandale de la rémunération de gens qui peuvent tranquillement encaisser des millions d'euros… Je faisais tout à l'heure allusion à mon passage dans le secteur bancaire il y a maintenant un certain temps. Aujourd'hui, des dirigeants de banque perçoivent en une année ce qu'à l'époque, ils gagnaient dans une vie entière. Les sommes qu'ils perçoivent aujourd'hui correspondent à celles avec lesquelles partaient autrefois les dirigeants de banque après X années de travail, et vous le savez. La planète financière est devenue folle. Le seul inconvénient, c'est qu'elle détient le pouvoir. Nous avons eu une fenêtre de tir, monsieur le secrétaire d'État, pendant la crise. Mais vous avez refusé de l'utiliser et d'entrer dans le capital des banques, ce qui fait qu'aujourd'hui, nous encaissons quelques misérables intérêts, alors que nous aurions pu bénéficier de plus-values monumentales.

Mme Lagarde nous a dit que le Gouvernement n'était pas là pour spéculer. C'est vrai, le Gouvernement est là pour garantir le secteur privé en cas de pertes, pour le mettre à l'abri du danger et pour laisser ensuite les actionnaires privés réaliser des plus-values potentielles de plusieurs milliards d'euros ! Rien que pour l'opération des banques, l'estimation est de 10 milliards d'euros, au moment où notre déficit atteint 140 millions d'euros. Mais cela ne semble pas vous perturber !

La semaine prochaine, nous aurons, hélas, l'occasion de vérifier que, sur le plan fiscal, vous faites encore pire. Vous avez développé une politique fiscale qui est un véritable déni fiscal : plus de 35 milliards d'euros depuis 2004 ont été réservés à travers les droits de mutation, le bouclier fiscal et toutes les dispositions que vous avez prises concernant l'impôt sur le revenu – comme les niches fiscales – au bénéfice des 10% de Français les plus riches. Dans le même temps, vous avez ponctionné 30 milliards d'euros sur les classes moyennes et sur tous les autres Français.

Il y a eu une rupture depuis que M. Sarkozy est Président de la République et qu'il nous a parlé d'une « droite décomplexée ». Cette rupture, c'est la scandaleuse montée en puissance des inégalités, sans qu'il y ait le moindre rapport avec le mérite ou avec le risque. Un ancien président du MEDEF nous avait expliqué que la rémunération du capital se justifiait par le risque. Je me rappelle que, trois mois après avoir prononcé cette phrase historique, la holding qu'il présidait se retirait d'une société qui déposait le bilan – je fais allusion à une société aérienne… Pour autant que je m'en souvienne, la holding n'avait couru aucun risque.

Monsieur le secrétaire d'État, cela durera tant que cela durera. Mais, à mesure que les Français prendront conscience de la réalité de la situation, vous serez en mauvaise posture. En attendant, notre responsabilité et notre devoir consistent à crier très haut et très fort à l'injustice, car, jamais dans ce pays, on n'a constaté un tel niveau d'injustice ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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