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Intervention de Gaëtan Gorce

Réunion du 7 octobre 2009 à 15h00
Ouverture à la concurrence des jeux d'argent en ligne — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGaëtan Gorce :

Nous savons qu'il existe un lien, presque mécanique, proportionnel, entre l'augmentation des joueurs et l'augmentation des joueurs pathologiques, entre l'augmentation du jeu et l'augmentation de l'addiction. Ne nous dites pas que ce texte n'aura pas de conséquences sur l'addiction. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

J'ajoute – c'est un point sur lequel nous devons réfléchir sur tous nos bancs – qu'en légalisant la publicité, comme vous avez décidé de le faire pour les paris en ligne et les opérateurs privés, vous allez créer une situation tout à fait nouvelle. Vous prétendez fixer des règles pour les émissions destinées à la jeunesse ou sur certaines circonstances et conditions. Mais que se passera-t-il lors de la retransmission d'un match de football ? Que verrons-nous sur nos écrans quand le Real Madrid affrontera l'Olympique de Marseille, ou le FC Barcelone Manchester United ? À la mi-temps, des commentateurs inspirés, connus, aimés, appréciés – choisis, par exemple, parmi ceux qui, il y a quelques années, ont gagné la Coupe du Monde de football –, fourniront leur analyse de la première mi-temps et donneront leur pronostic final. Ils nous montreront ensuite sur quelle touche appuyer pour pouvoir jouer en ligne. Des millions de téléspectateurs – des moins jeunes comme des jeunes – seront ainsi directement incités par la publicité à recourir aux paris en ligne, au bénéfice non pas de la collectivité, mais des opérateurs privés. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

Au regard de ces conséquences – et sans parler de celles que subiront la filière hippique et la filière sportive –, on ne peut qu'émettre des doutes extrêmement sérieux sur le texte présenté.

On nous a dit que la filière hippique n'était pas menacée et que l'on parviendrait à maintenir grosso modo les prélèvements. En réalité, que se passera-t-il ? Le PMU changera de vocation. Il a déjà annoncé qu'il développera des paris sportifs en ligne. Il ne sera plus simplement organisateur de paris hippiques, tourné vers la filière hippique, mais il changera de nature et d'orientation. Ensuite, on peut penser que les parieurs se concentreront très naturellement sur les courses les plus médiatisées, qui seront aussi les plus rentables, au détriment des petits hippodromes et des sociétés de courses. Cela représente 70 000 emplois, 250 hippodromes et autant de petites sociétés de courses qui font vivre notre territoire. Enfin, un grand nombre de parieurs – dont les ressources ne sont pas inépuisables –, attirés par les paris sportifs en ligne, délaisseront les paris hippiques pour aller vers les paris sportifs. Vous avez cité l'exemple de l'Italie, où l'on observe une baisse catastrophique des ressources, qui a mis en péril la totalité de la filière hippique. Voilà les mauvaises raisons et les conséquences particulièrement redoutables vers lesquelles ce texte nous entraîne.

Il est bien naturel, dans ces conditions, de vouloir privilégier une autre orientation et de souhaiter que vous alliez dans une autre direction. Il faut d'abord réaffirmer le rôle et les missions des organismes qui, historiquement, se sont vu confier la responsabilité de l'organisation des paris, aujourd'hui des paris en ligne. Encore faut-il les rappeler, et réinstaller ceux-ci dans leur vocation d'intérêt général. C'est d'une certaine façon ce que nous demande l'Union européenne. Il faut que le prélèvement effectué sur les mises aille plus largement vers les activités sportives. Savez-vous combien le sport amateur allemand touche en comparaison de ce qui va au sport français ? Le produit des paris orientés vers le sport représente moins de 200 millions pour le CNDS en France et plus de 500 millions pour le sport amateur en Allemagne.

Il faut donc faire le choix de soutenir l'activité sportive, le sport amateur. Il faut faire le choix de mettre en place une vraie politique contre l'addiction avec des moyens budgétaires dédiés. Il faut faire le choix d'engager une vraie politique répressive quand c'est nécessaire, en renforçant les équipes, les moyens et les instructions données au service de la police des courses et des jeux. Bref, il faut manifester une volonté politique, faire un acte politique. Il ne faut pas commencer par dire que l'on cède et que l'on subit. Je suis étonné qu'un certain nombre d'entre vous puissent se satisfaire d'un pareil discours (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR), alors que nous n'avons face à nous que des lobbies financiers qui ne cherchent pas à créer de la richesse, à faire de la valeur ajoutée, qui spéculeront simplement sur les paris des joueurs pour réaliser des bénéfices, qui ne créeront pas des emplois et de l'activité supplémentaire.

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