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Intervention de Jean-Claude Sandrier

Réunion du 7 octobre 2009 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur les suites du sommet du g 20 et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Sandrier :

Pourquoi, alors, autant de gesticulations pour un si piètre résultat ? Tout simplement parce que la crise a mis à nu le mode de fonctionnement d'un système qui soumet tous les peuples à la servitude de la rentabilité financière et montre que depuis un an rien n'a changé pour les marchés financiers. Le problème est que désormais nos concitoyens le savent, le voient et sont à juste titre de plus en plus exaspérés d'avoir à payer à la place des responsables de la crise – qui, eux, continuent à s'en mettre plein les poches.

Les licenciements, le chômage, la destruction des services publics, le stress au travail – qui coûte soixante milliards d'euros au pays d'après une récente étude –, les hausses permanentes des taxes constituent l'addition présentée par un monde financier qui s'est gavé d'argent jusqu'à l'overdose et qui déshumanise le travail. Ce monde est un monde sauvage, qui faisait dire, déjà, à Jaurès : « L'Humanité n'existe pas encore, ou elle existe à peine ».

Le Président de la République n'a pas de mots assez durs pour vilipender ce « mauvais » capitalisme, tout en prêchant pour le « bon » capitalisme. Nous pourrions être touchés par cette découverte subite s'il n'avait été le champion du tout-déréglementé, du tout-dérégulé, du tout-marché, du tout-liberté de circulation des capitaux, du tout-« concurrence libre et non faussée » – bref, de tout ce qui a conduit là où nous en sommes. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

Aujourd'hui, pris au piège de leur échec politique, économique et social, les gouvernements tentent, à l'instar du Président de la République d'être en paroles à la gauche de l'extrême-gauche ; car, pour ne pas faire exploser le système, il faut donner l'impression que l'on fait quelque chose !

En réalité, ils appliquent à la lettre les recommandations des plus grands serviteurs du royaume du fric, tel l'ultra-milliardaire Soros déclarant : « Oui, il faut réguler, un peu, mais pas trop. » Et chez nous, la patronne des champions du CAC40 déclarant : « Il ne faut surtout pas légiférer sur les rémunérations des patrons. » Voilà : il faut faire semblant d'agir pour faire passer la pilule.

La pilule, c'est payer pour que les grandes banques privées, reconstituent leurs marges, leurs profits et leurs bonus. C'est payer pour resservir des dividendes sans limite, véritables insultes au monde du travail. D'ailleurs, c'est bien parti : BNP Paribas vient d'annoncer plus de trois milliards d'euros de bénéfices pour un seul semestre avec des actions payées jusqu'à 15 % d'intérêts, réservant un milliard d'euros pour les bonus de ses traders. Rassurez-vous : ils n'auront plus que 500 millions d'euros. C'est effectivement un grand malheur !

La Société générale a fait de même, sans donner de chiffres – ce n'est pas plus rassurant ! Le CAC40 bat à nouveau tous les records de hausse, et ce matin, le journal Les Échos titrait : « insolente santé de la Bourse ».

Alors vous demandez à une majorité de Français de payer, payer pour les milliards d'euros accordés aux banques, payer pour les cadeaux fiscaux – qui ont augmenté de 46 % en deux ans –, payer pour un plan de relance imposé par les responsable de la crise, payer par la casse de centaines de milliers d'emplois. Autrement dit, nous allons devoir donner de l'argent public aux responsables d'une gestion privée catastrophique. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

Car – faut-il le redire ? – ce ne sont pas les services publics qui sont la cause de la crise ; ce n'est pas l'argent que consacre la France à l'éducation nationale, à la formation, à la recherche, au logement, à la santé, qui sont les causes de la situation dans laquelle nous nous retrouvons. Non ! C'est, comme le disait Marx il y a 160 ans (Exclamations sur les bancs du groupe UMP) : « L'argent noyant tout et partout dans les eaux glacées du calcul égoïste ». (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

On ne peut plus d'un côté dire que ce qui reste encore de notre système social, hérité de la Libération, a servi d'amortisseur à la crise – ce qui est vrai – et de l'autre côté se préparer à détruire définitivement cet amortisseur en s'en prenant à la Sécurité sociale, aux retraites, aux services publics. L'addition que vous présentez aux Français, c'est la hausse du forfait hospitalier, de la redevance télévision, mais aussi des prix de la SNCF et d'ERDF – pour qu'ils versent ensuite des dividendes à l'État ! Et ce n'est qu'un début !

Vous créez une taxe carbone : c'est une usine à gaz, totalement injuste et inefficace ; et vous refusez de vous attaquer à la racine du mal en matière d'environnement.

Comble de l'abject, vous voulez même imposer les indemnités des accidentés du travail pour récupérer quelques millions d'euros afin d'aider à combler les pertes abyssales d'un système financier que vous avez construit et porté à bout de bras !

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