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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 8 octobre 2009 à 9h30
Ouverture à la concurrence des jeux d'argent en ligne — Article 4 bis, amendement 87

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

L'autorisation de la publicité pour les opérateurs de jeux et de paris en ligne est présentée par le Gouvernement et par notre rapporteur comme une arme fatale contre l'offre illégale. Voilà qui doit faire sourire dans les brigades spécialisées de la police nationale !

La logique est la suivante : puisque nous ne pouvons agir efficacement contre l'offre illégale, ouvrons le marché des jeux à la concurrence et permettons aux opérateurs agréés de faire de la publicité pour toucher les joueurs potentiels et les détourner des sites illégaux, pratique qui doit conduire à l'assèchement de ces derniers, selon les termes mêmes du rapporteur et du ministre.

Au-delà de l'aveu d'impuissance des pouvoirs publics dans la lutte contre les sites illégaux – aveu révélateur, dans la mesure où il constitue l'une des raisons d'être de ce projet –, c'est un curieux paradoxe pour des décideurs politiques que de vouloir, sous couvert de protection des joueurs, les détourner de l'offre illégale, les exposer à une publicité massive qui les incitera à se tourner vers une offre pléthorique de jeux en ligne tout aussi dangereuse pour la santé publique, mais drapée de légalité.

Est-il besoin de rappeler que les opérateurs réinvestissent 50 % de leurs gains – ou de leurs bénéfices – dans des stratégies commerciales de grande envergure ? À qui, hormis l'annonceur, profitera cette manne publicitaire ? En premier lieu, pourrait-on souffler au ministre, aux groupes de presse et aux médias audiovisuels, à commencer par les trois – ou quatre, avec Radio France – d'entre eux qui sont sous le contrôle de sa majesté impériale.

En fait, sous couvert de protéger la santé et l'ordre publics, le projet obéit à une logique clairement mercantile : il contribuera à propulser un marché déjà structuré par de très grands groupes et, en leur ménageant des conditions optimales pour leur développement sur le territoire français, permettra leur concentration à long terme. Le risque est donc grand de voir se constituer un secteur monopolistique privé des jeux de hasard et d'argent.

Face à cette hypocrisie chevillée d'irresponsabilité qui s'épanouit dans la logique de court terme propre au capitalisme financier, nous vous invitons à adopter cet amendement.

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