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Intervention de Guy Teissier

Réunion du 17 septembre 2008 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuy Teissier, président de la commission de la défense nationale et des forces armées :

Monsieur le Sous-secrétaire général, Monsieur Frahi, en ma qualité de président de la commission de la défense nationale et des forces armées, je tiens à vous remercier moi aussi de votre présence et de l'exposé que vous avez présenté, qui nous a permis de fixer des ordres de grandeur.

M. Poniatowski vient de vous poser la question que je voulais poser moi-même : il n'y a donc pas lieu de la répéter. Il semble toutefois que personne ne veuille prendre en compte ce problème de drogue qui constitue le terreau sur lequel prolifèrent tous les trafics et un élément essentiel de déstabilisation du pays. Personne ne semble vouloir se saisir de ce problème majeur. Il est vrai que, face à la guerre subversive que mènent actuellement les djihadistes et les talibans, il serait préjudiciable d'entretenir des relations tendues avec les populations locales.

Pour ce qui est du problème juridique qui s'opposerait à l'intervention de l'OTAN, je tiens tout de même à rappeler que lorsque les Américains déversaient des tonnes de défoliant sur les forêts vietnamiennes, ils ne se posaient pas de pareilles questions. S'il s'agit là de la réponse officielle, elle témoigne de beaucoup de mauvaise foi.

L'idée majoritairement partagée en France est que la culture du pavot est catastrophique. Elle permet en effet, comme le rappelait tout à l'heure M. Frahi, l'achat des armes qui servent à tirer, entre autres, sur nos soldats et permet à des seigneurs de la guerre de poursuivre leurs activités nuisibles. Ne serait-il pas possible de subventionner les cultures traditionnelles, dût-on déstabiliser le marché pendant quelque temps ? Vous avez rappelé à très juste titre que des infrastructures sont nécessaires, et nous savons bien nous-mêmes, pour nous être rendus sur le terrain, qu'on y trouve plus de poussière que de goudron ; mais ces infrastructures faciliteraient encore la sortie de la drogue et le fonctionnement du marché illicite. Il est indéniable que ce pays a besoin de nombreuses infrastructures, notamment des canaux, mais certaines cultures à forte valeur ajoutée, comme celle du safran, pourraient être subventionnées. Une éventuelle déstabilisation du marché ne me semble pas si grave, ce ne serait pas la première fois que des marchés seraient déstabilisés, au regard d'une démarche qui permettrait de revenir à plus de morale. Elle épuiserait l'une des ressources les plus importantes des insurgés, qui leur permet aujourd'hui de disposer de moyens et d'armes pour continuer la guerre de subversion. Si nous coupons le nerf de la guerre, nous arrêtons la guerre. Pour rapide que soit cette analyse, elle me semble importante. Personne ici ne comprend pourquoi on aborde ce problème sous le mauvais angle, en luttant contre l'importation des solvants et en s'en prenant aux laboratoires, sans aller au fond du problème.

En évoquant ces questions durant notre mission en Afghanistan, Jean-Michel Boucheron et moi-même nous demandions s'il ne faudrait pas concevoir une structure qui ferait s'effondrer le marché en achetant les cultures au prix du cours avant de les brûler et en demandant aux paysans de cultiver autre chose l'année suivante.

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