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Intervention de Jean-Claude Viollet

Réunion du 9 juin 2009 à 15h00
Loi de programmation militaire pour les années 2009 à 2014 — Article 11, amendements 7 13 75

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Viollet :

M. le ministre rappelait tout à l'heure le bon geste que nous avions fait en 2001 pour DCNS, et nous appelait à ne pas le regretter, mais plutôt à le poursuivre. Certes, en 2001, nous avons fait un geste et émis un vote pour permettre à DCNS de sortir du carcan étatique et de devenir une société industrielle – ce qu'elle est devenue. Je vous ferai une confidence : des organisations syndicales de DCNS à Ruelle me disaient il y a peu que je devais regretter ce choix ; je leur ai répondu que je ne le regrettais pas, car il a permis le développement ultérieur.

À titre personnel, néanmoins, je préfère voir avant de payer, plutôt que le contraire. C'est ce qui m'a guidé en 2004, et qui me guide encore aujourd'hui, pour DCNS comme pour la SNPE. Je ne suis pas opposé à de nouvelles évolutions – je l'ai dit lors de la discussion générale et je le répète ; que l'on ne me fasse donc pas ce procès ici. Je ne suis pas hostile aux évolutions mais, avec ma modeste intelligence, je voudrais comprendre. Or, je vous le dis : je ne comprends pas. De deux choses l'une : soit je ne suis pas assez intelligent, soit je ne dispose pas des éléments nécessaires.

J'ai évoqué DCNS : des évolutions sont possibles, à condition d'identifier un objectif et une méthode pour préserver la spécificité de l'entreprise, c'est-à-dire l'ensemblier intégrateur travaillant sur des systèmes complexes, et pour en faire – vous l'avez dit – le leader de la construction de défense navale européenne, qui prendra toute sa place au niveau mondial.

La SNPE a des activités tout aussi stratégiques, comme viennent de le rappeler MM. Garrigue et Candelier. De quoi s'agit-il ? Je rappelle que SME traite des propergols, des carburants pour moteurs à propulsion solide utilisés dans nos missiles balistiques, le M-51 ; sont aussi concernés les lanceurs spatiaux civils Ariane 5 – tout aussi stratégiques, je le répète.

De même, j'ai, à de nombreuses reprises, rappelé ici comme en commission l'intérêt stratégique de l'activité de munitions. Dans le cadre de la mission d'information qui nous a été confiée sur le projet GIAT 2006, nous ne nous occupions que du volet social – mais nous devions forcément nous intéresser aussi à l'industriel, qui sous-tend les questions sociales. Le munitionnaire, Eurenco, était essentiel, et il fallait s'en préoccuper.

Il faut aussi évoquer le secteur chimique, avec Bergerac NC, Isochem et le centre du Bouchet. On nous parle de Safran pour le système de matériaux énergétiques. Je l'ai dit hier, et je le répète : il s'agit certainement d'un rapprochement intéressant. Encore faut-il en connaître les contours précis, et le projet à moyen et à long terme !

S'agissant d'Eurenco, nous n'avons pas de réponse. Les plus belles armes du monde resteront inutiles si l'on ne dispose pas des munitions nécessaires pour les charger. La sécurité de l'approvisionnement en munitions de notre pays m'inquiète. Faut-il vous rappeler ce qui est arrivé à nos amis anglais pendant la première guerre du Golfe ?

Ces questions sont sérieuses et stratégiques. Je répète que je ne suis pas opposé à une évolution, mais les mêmes questions demeurent : où va-t-on, et avec qui ? Quels sont les délais, les objectifs et les contours du projet ? Je sais que l'on n'écrit pas l'histoire par avance, mais préciser vos intentions, vos objectifs et vos engagements est une exigence politique. Que les choses soient claires ! La représentation nationale a le droit de savoir.

Enfin, s'agissant des salariés de ces entreprises, je l'ai déjà dit : la réforme ne peut pas être subie, ni même consentie ; elle doit être partagée. Cela signifie qu'il faut se donner le temps de la discussion, car ce sont les salariés qui feront la réussite des évolutions engagées. C'est vrai pour DCNS, mais aussi pour la SNPE. Nous devons disposer du temps de la maturation de ces projets, non seulement pour les salariés de la SNPE, mais aussi pour ceux des entreprises – je pense à Safran, à Nexter ou à d'autres encore – qui ont besoin de savoir où nous voulons aller ensemble.

(M. Marc Laffineur remplace Mme Catherine Vautrin au fauteuil de la présidence.)

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