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Intervention de Alexis Govciyan

Réunion du 16 septembre 2008 à 15h00
Mission d’information sur les questions mémorielles

Alexis Govciyan :

Je remercie la mission d'information d'avoir invité le conseil de coordination des organisations arméniennes de France. Nous avons déjà été amenés à travailler avec les parlementaires pour traiter le douloureux dossier de la reconnaissance par la France du génocide arménien et, plus récemment, la question de la pénalisation de la négation de ce génocide.

En premier lieu, la tragédie qui a frappé les Arméniens au début du XXe siècle dans l'Empire ottoman est bien un génocide. Cela a été prouvé par les historiens et reconnu par les instances internationales. Notre pays l'a lui aussi proclamé haut et fort en 2001. Cet acte politique était destiné à délivrer un message à un pays qui, lui, continue de nier la réalité du génocide.

Le principe républicain du vivre ensemble suppose que chacun, dans sa différence et quelles que soient ses origines, puisse à travers la République et par la République vivre avec les autres et non pas à côté d'eux. De ce point de vue, une mémoire n'appartient pas à un groupe d'hommes. La mémoire du génocide arménien n'appartient pas uniquement aux Arméniens, la Shoah n'appartient pas uniquement aux Juifs : l'abjection de ces tragédies touche l'humanité qui est en chacun de nous. S'il peut y avoir des mémoires et des approches différentes, il ne saurait y avoir des mémoires discordantes, surtout dans la République.

La question est donc de savoir comment organiser le respect collectif des mémoires. Il faut aussi éviter le culte de la mémoire, qui équivaut, en quelque sorte, à une absence d'avenir. Rester figé, c'est apporter le communautarisme. La communauté nationale doit pouvoir organiser le maintien, le développement, la transmission de la mémoire. Dans cette mémoire collective figurent bien entendu le génocide des Arméniens et la Shoah. Celle-ci est le crime le plus abject de par son modus operandi, mais elle a été possible parce que Hitler savait, après le génocide arménien, que l'on pouvait organiser de telles choses et aurait même dit : « Qui se souvient encore du massacre des Arméniens ? »

Il est très heureux que nous menions cette réflexion sur la mémoire collective mais nous ne devons pas l'orienter vers l'idée de concurrence. Il n'y a pas de concurrence dans la souffrance. Le nouveau cadre qu'il nous reste à fixer exige le respect des différences.

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