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Intervention de Xavier Darcos

Réunion du 28 octobre 2008 à 17h00
Mission d’information sur les questions mémorielles

Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale :

La préoccupation de la représentation nationale dans cette mission est précisément liée à l'interrogation soulevée par Mme Pau-Langevin : comment trouver la frontière entre l'enseignement objectif, l'enseignement de l'histoire comme science dans ses données les plus froides et les plus nécessaires, et l'enseignement d'événements historiques qui éclairent des comportements présents et que nous considérons comme devant être réactivés parce que le présent le demande ? Peut-être ne sommes-nous pas arrivés à bien distinguer les deux sujets, mais il est extrêmement difficile de le faire car le travail mémoriel est une utilisation de l'histoire, une exploitation de l'histoire à des fins autres que des fins purement historiques ; c'est ce que nous reprochent un certain nombre d'historiens, parmi les plus éminents, qui ont fini par s'insurger. Le débat fondamental de votre mission est bien là, et je n'ai évidemment pas de réponse à cette question très compliquée.

Cette difficulté que, vous, parlementaires, ressentez, la communauté éducative la ressent plus encore, prise qu'elle est dans des mémoires soit collectives, soit locales – dont Mme Fort vient de donner un exemple – prise qu'elle est dans des prescriptions de plus en plus nombreuses, trop nombreuses, et je réponds là à la question posée par Mme Coutelle. Toutes les semaines en effet, quelqu'un a une nouvelle idée de prescription qu'il faudrait faire à l'école ! Je rêve d'une semaine de l'école à l'école, une semaine où l'on dirait aux enseignants : « vous n'avez rien à commémorer, rien à célébrer cette semaine, faites de l'école » ! Il y a eu trop de prescriptions, d'où une certaine lassitude des enseignants. C'est pourquoi aussi nous avons trouvé la communauté éducative un peu réticente lors des derniers événements créant des prescriptions nouvelles. Elle n'est pas contre, mais se dit « encore ? »

Notre difficulté n'est-elle pas de savoir qui prescrit ? Lorsque le Président de la République, élu au suffrage universel, souhaite la lecture de la lettre de Guy Môquet ou l'évocation de la Shoah, c'est une prescription qui émane de son autorité, et il a le droit de dire ce qu'il pense. Venant d'un ministre, une prescription est considérée comme normale. Est-ce le cas lorsque tel ou tel souvenir est évoqué par des communautés, des groupes d'intérêt, des associations ?

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