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Intervention de Christian Vanneste

Réunion du 28 octobre 2008 à 17h00
Mission d’information sur les questions mémorielles

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Vanneste :

Je reviens sur les deux aspects que vous avez soulignés. L'histoire est un objet de connaissance dans les programmes scolaires. Mais elle a un contenu qui la distingue des autres formes de connaissance : un contenu moral, qui nous ramène au thème de la mémoire.

L'histoire est une connaissance spécifique. La plupart des sciences enseignées en classe correspondent à des lois fondées, par exemple, sur des expérimentations ; ce n'est pas le cas de l'histoire qui repose essentiellement, vous l'avez rappelé, sur l'enseignement d'événements datés. D'où un obstacle souligné naguère par Paul Ricoeur : ces événements étant innombrables, l'enseignement est obligé de les sélectionner. Mais cette sélection introduit une dimension qui n'a plus rien de scientifique puisqu'il y a un choix de valeurs, pour ne pas dire un choix idéologique. Vous avez cité l'article 4 de la loi de 2005. Dans un livre comme celui-ci, publié aux Éditions Nathan, il est frappant que l'histoire de la colonisation soit traitée sur à peine quelques pages, dans lesquelles le moindre événement positif est très difficile à trouver, alors que deux pages y sont consacrées au « zoo humain », la présentation de personnes issues des colonies dans le cadre d'expositions universelles.

Je suis frappé que ces ouvrages ne fassent jamais la moindre mention du rôle positif de notre pays sur le plan médical. Alexandre Yersin est pourtant encore célébré à Hanoï pour le rôle qu'il a joué en délivrant l'Indochine de la peste, André Thiroux a délivré Madagascar de la rage, Alphonse Laveran, prix Nobel de médecine, a délivré l'Algérie de la malaria. Or je pense qu'aucun petit Français, y compris ceux qui ont l'Algérie pour origine, ne les connaît car on n'en parle pas et on a tendance à présenter le rôle de notre pays sous son aspect négatif.

Le film « Entre les murs » comporte un dialogue assez édifiant. Une élève dit : « moi, je ne suis pas fière de ce pays ». Et le professeur lui répond : « moi non plus, je ne suis pas fier de mon pays ». Ils parlent de la France, tout de même ! Devons-nous accepter ce type de dialogue en classe, devons-nous accepter qu'un professeur dise qu'il n'y a pas de raison d'être fier de la France ?

A côté de la connaissance – qui, pour moi, n'est pas scientifique dans la mesure où elle sélectionne trop –, il y a aussi l'enseignement des valeurs. Mme Chandernagor a fort justement noté ici notre tendance à faire une commémoration négative, répulsive, tournée vers les minorités en deuil : il ne serait pas moins intéressant d'enseigner l'histoire à travers des héros, des exemples à proposer aux jeunes comme des modèles positifs. C'est ce qu'a voulu mettre en lumière le Président de la République en parlant des personnes qui ont donné leur vie pour la France durant la dernière guerre.

Dans quelle mesure l'histoire peut-elle être considérée comme une connaissance scientifique ou qui pourrait tendre à l'être ? Comment aller dans cette direction ?

Comment enseigner non une image négative, mais les valeurs positives de notre pays à nos jeunes, y compris ceux qui n'en sont pas originaires ? Comment apprendre aux jeunes que l'histoire est avant tout l'histoire d'une nation, devenue une République, dont ils sont les citoyens et dont ils doivent apprendre, aussi, les valeurs à travers les sacrifices de ceux qui ont servi cette histoire ? C'était d'ailleurs le sens de l'article voté à quatre reprises par les parlementaires reconnaissant que la France avait eu, aussi, un rôle positif outre-mer et qu'un certain nombre de personnes venues d'outre-mer s'étaient battues pour elle et lui avaient sacrifié leur vie.

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