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Intervention de Jacques Myard

Réunion du 12 février 2009 à 10h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Monsieur le secrétaire général, merci pour ce plaidoyer pro domo : on a l'impression d'être obligé de se jeter dans vos bras ! Pourtant, comme viennent de vous le dire mes collègues, ce ne sera pas le cas. De M. Boucheron à moi-même, c'est un large éventail politique qui s'exprime ; nous n'appartenons pas aux mêmes formations mais nous partageons les mêmes préoccupations.

L'OTAN s'est considérablement transformée, cela est exact. À l'origine organisation défensive s'inscrivant dans le système des blocs, elle tend à devenir un instrument politico-militaire d'interventionnisme américain – même si, j'en conviens, ces interventions s'effectuent souvent dans le cadre de résolutions prises en application du chapitre VII de la Charte de l'ONU. Il n'en demeure pas moins qu'il y a une dérive forte. Aussi peut-on s'interroger sur la nature d'une organisation qui intervient jusqu'en Afghanistan.

Se pose également la question de son élargissement. Je suis, personnellement, en total désaccord avec l'entrée dans l'OTAN d'États faisant partie, qu'on le veuille ou non, de la sphère d'influence russe. Jusqu'où ira-t-on ? Alors que nous étions sortis d'un monde dangereux, dominé par des blocs, pour entrer dans un système de puissances relatives, nous reconstituerions un bloc monolithique à forte connotation occidentale ? Notre intérêt n'est pas de nous lier les mains dans ce genre de projets !

Enfin, dans une telle perspective intégrationniste et euro-atlantiste – dont, à titre personnel, je me suis guéri depuis longtemps –, comment concevoir une défense européenne si aucun de nos partenaires européens n'admet la possibilité de se doter d'instruments autonomes et que les Américains y sont hostiles ? C'est faire litière de l'identité européenne de sécurité et de défense, sans même parler de la défense européenne commune !

Vous l'avez dit : la réintégration complète de la France dans l'OTAN relève d'une décision politique. Je ne vois pas ce que nous y gagnerions par rapport à la situation actuelle où, comme le soulignait Donald Rumsfeld, « c'est la mission qui détermine la coalition » : si les Français veulent participer à une action militaire, ils le peuvent, sans faire pour autant partie d'une machine risquant d'apparaître aux yeux du monde entier comme la reconstitution d'un bloc occidental – alors qu'il faudrait faire preuve de davantage de souplesse et d'intelligence dans la gestion des crises.

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