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Intervention de Paul Thibaud

Réunion du 10 juin 2008 à 16h00
Mission d’information sur les questions mémorielles

Paul Thibaud :

Il ne se passe rien de plus. La Shoah étant ce qu'elle est, il est normal qu'un certain nombre de dingues viennent nous dire qu'elle a été inventée.

Vous estimez que la commémoration permet de désigner des écueils sur lesquels il ne faudrait pas s'échouer à nouveau, tels l'esclavage ou le massacre des Juifs. Je ne suis pas sûr que notre rapport à l'histoire fonctionne de cette manière. Ou, alors, c'est présupposer que l'on ne garde de l'histoire que ce qui est mauvais et, a contrario, que le bon, c'est nous. Dans la tête de ceux qui raisonnent de la sorte, il y a l'idée que nous allons inaugurer le règne de la bonté sur Terre, et que, avant, régnaient les ténèbres extérieures et que les autres agissaient mal. Notre rapport au passé ne doit pas être un rapport de dénonciation. Non, on ne commémore pas 1914 pour dire que ce fut un horrible massacre ! On le commémore pour se poser des questions. Comme je vous l'ai indiqué, les discours du 11-novembre ont considérablement changé. Je suis pour continuer à commémorer, quitte à changer à nouveau de discours. C'est un môle, ce sont des événements auxquels il faut toujours revenir pour comprendre notre histoire.

Prenez le 14-Juillet, par exemple. Que commémore-t-on ? Personne ne sait exactement ! 1789 ou 1790 ? Le coup de main sur la prison de la Bastille – qui n'a pas que des aspects glorieux – pour libérer quatre types plus ou moins douteux en massacrant les Suisses et le gouverneur, ou bien la grande fraternisation du Champ de Mars avec l'évêque d'Autun célébrant la messe devant les foules venues de toutes les provinces pour fêter l'union de la nation française ? Cette ambivalence nous force à réfléchir à la Révolution française, à son commencement et à son destin. Il y a matière à réfléchir. Désigner uniquement les événements à ne pas reproduire fausse le rapport avec le passé.

En ce qui concerne la loi sur la presse, elle interdit des actes, et non des opinions. On considère une injure comme un acte. Si je vous injurie, c'est comme si je vous donnais un coup.

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