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Intervention de Paul Thibaud

Réunion du 10 juin 2008 à 16h00
Mission d’information sur les questions mémorielles

Paul Thibaud :

Je suis contre l'ensemble des lois mémorielles, mais je préconise, au vu de la multiplication des demandes, une politique mémorielle, ce qui est une tout autre chose.

Certaines des lois mémorielles pénalisent une opinion scandaleuse, sur le modèle de l'article 34 de la loi Gayssot. Elles sont irréprochables au regard de leur constitutionnalité. En revanche, les autres sont des lois déclaratives qui consacrent un fait, ou supposé tel, ou portent un jugement, par exemple en qualifiant de génocide les massacres d'Arméniens, ce qui n'est pas le cas, ou de crime contre l'humanité l'esclavage des Africains et la traite transatlantique. Ces affirmations n'ont pas, en principe, de conséquence pénale. Il en est d'autres, comme la loi Taubira, qui donnent des conseils pour élaborer les programmes ou même orienter la recherche en faisant appel à la mémoire des descendants des victimes, c'est-à-dire à la mémoire collective des Antillais. Toutes ces lois, apparemment différentes, aboutissent au même résultat.

Même purement déclaratives, elles risquent d'avoir des effets semblables à ceux des lois pénales. Elles désignent des victimes, donc des descendants de victimes, c'est-à-dire des ayants droit, qui vont porter plainte parce qu'ils sont offensés par quelqu'un qui ira contre l'appréciation consacrée par la loi. Même si l'action judiciaire contre Pétré-Grenouilleau n'est pas allée à son terme après la levée de boucliers des historiens, la porte a été ouverte. Incontestablement. Or la pénalisation réduit le champ de la discussion, non seulement entre historiens, mais surtout dans l'opinion publique. La loi Gayssot permet de dire ce qu'on veut à l'École des hautes études ou dans un séminaire du CNRS, mais interdit de le publier. Je ne connais pas de science humaine qui puisse exister portes fermées ! Une telle régression est inadmissible car elle est un danger pour la vérité qui ne gagne rien à devenir officielle.

Ainsi, la première réaction suscitée par le révisionnisme de Faurisson a été de refuser de discuter avec lui. Je m'honore d'avoir persuadé Pierre Vidal-Naquet de répondre d'une manière qui a laissé des traces. Objectivement, le révisionnisme du personnage, qui oscille entre l'odieux et le dingue, a provoqué des recherches sur la Shoah, lesquelles ont fait progresser la connaissance. Autre exemple, Jean-Claude Pressac, révisionniste, doutait. Il s'est rendu à Auschwitz où il a trouvé des preuves matérielles qui n'avaient jamais été réunies. La science réelle avance en réfutant les absurdités proférées par certains. Le plus important pour moi, s'agissant de la citoyenneté, est de casser la concurrence entre victimes, devenue inévitable. On a vu comment « Gayssot » donnait naissance, en réaction, à « Dieudonné ».

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