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Intervention de Taïb Fassi-Fihri

Réunion du 8 juillet 2009 à 11h15
Commission des affaires étrangères

Taïb Fassi-Fihri, ministre des affaires étrangères et de la coopération du Royaume du Maroc :

Le Maroc a rompu ses relations diplomatiques avec l'Iran il y a deux mois. Ne supportant plus les ingérences de ce pays dans nos affaires intérieures, nous avions exprimé notre solidarité avec Bahreïn, ce qui a suscité en retour une réaction inadmissible à notre égard. La chose était d'autant plus étonnante que nous n'étions pas le seul pays arabe à avoir réagi. Pourquoi le Maroc a-t-il été traitéde la sorte par l'Iran ? Serait-ce parce que nous sommes un pays sunnite ? Serait-ce parce que, au Maroc, le religieux et le politique cohabitent sereinement ?

Avec la même clarté, nous disons que l'Iran a un rôle à jouer. Le discours des Iraniens est que jusqu'à présent l'Islam a été guidé par les Sunnites, par Saladin et par les Turcs et qu'il est grand temps qu'il soit piloté par le chiisme iranien. Comme ils se sont marginalisés sur la scène internationale, ils essaient aujourd'hui de jouer leurs cartes régionales.

Je n'entrerai pas dans le débat relatif à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne et il appartient aux Européens et aux Turcs de choisir le cadre de leurs relations. J'en reviens aux relations entre le Maroc et l'Union européenne pour souligner que notre désir de renforcer les liens avec l'Union est parfaitement compatible avec notre désir d'un Maghreb intégré. Nous ne nous tournons pas vers l'Union européenne par dépit, au motif que nos frontières avec l'Algérie sont fermées et que nous avons quelques difficultés avec la Mauritanie, mais parce que le resserrement des relations avec l'Europe est pour nous une option stratégique. Nous partageons les mêmes valeurs, ce qui justifie le statut avancé qui fait de nous un partenaire privilégié de l'Union européenne – ce statut que la France recommande pour la Turquie. Le statut avancé auprès de l'Union européenne et la volonté d'un Maghreb uni sont parfaitement compatibles.

Tanger Med est un projet structurant qui participe des efforts accomplis par le Maroc pour lutter contre la pauvreté. Alors que, il y a dix ans encore, la moitié seulement de la population avait accès à l'eau et à l'électricité, plus de 90 % des Marocains ont désormais accès à ces services. Mais le développement du Maroc ne pourra se poursuivre que si des infrastructures structurantes sont réalisées, ce qui suppose des investissements. Nous avons signé de nombreux accords à cette fin avec plusieurs pays, dont les Etats-Unis, et avec l'Union européenne. Nous n'ignorons pas que, pour que ces accords fassent pleinement sentir leurs effets, nous devons lutter contre la corruption et améliorer le système judiciaire afin de rassurer les opérateurs. Nous nous y employons. Notre objectif économique est en effet d'attirer les investissements, de créer de la valeur ajoutée puis d'exporter grâce aux accords commerciaux préférentiels que nous avons conclus.

Vous m'avez interrogé sur la place de la femme dans la société marocaine. Vous le savez, nos plus hautes autorités ont pris quelques risques à ce sujet et le code de la famille a été revu. Nous visons ainsi une plus grande implication des femmes dans la vie sociale, économique et politique de notre pays. Les dernières élections municipales le montrent : ainsi, le nouveau maire de Marrakech est une femme de 33 ans. Cette évolution considérable est appréciée par la population. Elle démontre que l'Islam est parfaitement compatible avec la démocratie et avec la tolérance.

Les relations entre le Maroc et la France, anciennes, évoluent à mesure que la société et l'économie marocaines évoluent. Actuellement, la coopération entre nos deux pays n'est plus du seul ressort des autorités politiques ; elle est portée par les opérateurs économiques, les ONG, les élus nationaux et territoriaux, les intellectuels, et les communautés marocaine en France et française au Maroc. Cette coopération se caractérise par un dialogue serein, dans une lecture apaisée du passé. Elle peut ne pas être exempte de critiques, mais les critiques sont utiles car elles permettent de progresser. Chacun, au Maroc, a une idée de la France et de ce qu'il est possible de faire avec elle… Des accords de coopération et de décentralisation culturelle ont été mis au point entre la France et le Maroc, que la France a ensuite reproduits dans ses relations avec d'autres pays. Nous sommes donc des pionniers, qui souhaitons un espace euro-méditerranéen apaisé et stable dans un environnement mondial préoccupant.

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