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Intervention de Yves Aubin de la Messuzière

Réunion du 11 mars 2009 à 10h30
Commission des affaires étrangères

Yves Aubin de la Messuzière :

Je pense également que la dramatisation de la question iranienne peut être une manière d'évacuer plus facilement le dossier israélo-palestinien.

S'agissant des tirs de roquette, devenus quasi-quotidiens, la plupart d'entre eux ont été revendiqués par le Djihad islamique. Le Hamas a même procédé à des arrestations si l'on en croit un site palestinien. Ce qui est certain, c'est que ce mouvement est confronté à des difficultés depuis le conflit de Gaza : il exerce certes un contrôle serré sur la population, mais pas sur la faction du Djihad islamique.

On pourrait imaginer que la situation actuelle n'est qu'un jeu, le Hamas laissant au Djihad islamique le soin de maintenir la pression, mais je ne pense pas que ce soit la réalité. En tout cas, sans aller nécessairement jusqu'à un clash, le Hamas a la capacité de contrôler la situation s'il le souhaite, car le Djihad islamique est extrêmement minoritaire à Gaza, où ses moyens sont très inférieurs à ceux du Hamas. On peut donc imaginer qu'il existe aujourd'hui des discussions. Ajoutons à cela que le Hamas est beaucoup plus autonome que le Djihad islamique vis-à-vis de l'Iran, car il peut s'appuyer sur d'autres pays, comme la Syrie ou le Qatar.

Il me semble qu'il est nécessaire de mener le dialogue avec le Hamas, car il est, avec Israël, l'un des deux acteurs du conflit à Gaza, l'OLP étant restée à l'écart. On constate au demeurant un plus grand réalisme dans le langage utilisé, en particulier du côté français : le Hamas a ainsi été qualifié d' « interlocuteur » par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, par le ministre lui-même, mais aussi par le Président de la République, dans son discours de Charm El-Cheikh.

On commence donc à s'écarter du dogme – dépourvu de sens – qui avait été posé par le Quartette : renonciation à la violence ; reconnaissance de l'État d'Israël – alors que les différents pays arabes ne reconnaissent pas Israël, à l'exception de l'Egypte et de la Jordanie ; et enfin reconnaissance des accords des paix comme conditions du dialogue.

Du côté européen, il y a encore beaucoup de réserves et de réticences, mais la France tend à reprendre le rôle précurseur qui lui revient traditionnellement dans le dossier israélo-palestinien depuis des décennies, et qui peut avoir un effet d'entraînement, notamment si un dialogue avec les Américains s'instaure.

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