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Intervention de Eric Lucas

Réunion du 30 septembre 2008 à 15h00
Mission d’information sur les questions mémorielles

Eric Lucas :

Je reviens sur la question posée par Mme Pau-Langevin : comment commémorer ? Il faut à cet égard se demander si c'est bien à ceux que l'on veut toucher que l'on parle. Attire-t-on les jeunes, mais aussi les moins jeunes qui ont oublié ? Nous devons nous poser la question à chaque fois que nous préparons une commémoration.

Je pense qu'il faut conserver le rituel du monument aux morts. Représentant du ministère de la défense, j'attache une importance au drapeau, à ces rites qui structurent une cérémonie. C'est la mémoire de la République et de la nation. Mais il faut développer d'autres médiations.

Ainsi, l'an dernier, nous avons préparé la journée Guy Môquet avec des élèves et des professeurs. Au Mont Valérien – qui, pour moi, est un lieu de mémoire particulièrement fort –, nous avons fait déclamer en slam, par un artiste, au-dessus de la clairière des fusillés, des textes de résistants ou des poèmes d'Aragon. J'avoue que j'étais inquiet au départ, mais cela a été un succès. Les élèves ont partagé ce moment et intégré les textes, ce qui n'aurait sans doute pas été possible avec un discours. Tous ont parfaitement respecté la mémoire des lieux.

Comme l'a dit Mme Vergès, la commémoration peut aussi passer par des expositions répliquées dans différents lieux, par des musées ou par des centres d'interprétation et de patrimoine culturel. Il existe sur le territoire des lieux de mémoire autour desquels on peut organiser des commémorations.

En ce qui concerne la mémoire européenne, vous aurez sans doute remarqué que pendant la présidence française de l'Union, les deux drapeaux, français et européens, sont déployés sous l'Arc de triomphe. Une cérémonie très émouvante a également eu lieu au Mont Valérien, en présence du Président de la République et d'un président de Land allemand – le premier officiel d'outre-Rhin à venir en ces lieux.

Il faut à cet égard faire attention à éviter les contresens, car les autres pays ne célèbrent pas forcément la mémoire de la même façon que nous. Ainsi, s'agissant de la guerre de 1914, les Anglais mettent en avant le héros, quand nous nous attachons à célébrer le poilu dans sa tranchée. Nous avons donc commandé à des universitaires une étude sur la façon dont est structurée la mémoire des pays européens, afin d'entreprendre une comparaison de l'analyse des dates et des façons de commémorer. Si l'on peut commencer à construire une mémoire européenne, cela passe d'abord par un travail important de défrichage et d'analyse de ce qui se passe ailleurs.

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