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Intervention de Nicolas Dhuicq

Réunion du 8 janvier 2008 à 22h00
Rétention de sûreté et déclaration d'irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dhuicq :

Pourtant, c'est un texte révolutionnaire. Au sens premier du terme, d'abord : il revient enfin au principe que la victime doit être au centre de l'appareil judiciaire, dans le respect naturellement des droits de la défense. Ensuite, il regarde la réalité en face : le monde n'est pas peuplé que de frères humains tous dotés de la structure psychique qui nous permet de converser ce soir entre gens de bonne compagnie. Il compte aussi des individus profondément pervers, qui n'ont aucune empathie pour leurs victimes, qui n'attribuent aucune sensation, aucun sentiment à celles et ceux qu'ils violent et tuent, notamment les préadolescents et les enfants.

Oui, cette loi est juste et bonne et nous pouvons être fiers qu'elle opère enfin cette révolution de pensée que nous étions nombreux à appeler de nos voeux. Je précise qu'elle ne concerne pas le 1 % de population schizophrène que certains ont évoquée à juste titre ce soir.

L'émotion, ai-je encore entendu, serait mauvaise conseillère. Or la capacité à ressentir des émotions, y compris de la culpabilité, est précisément ce qui fait de nous des êtres humains. Et c'est précisément cette empathie, cette capacité à ressentir et à ne pas considérer l'autre comme un simple objet de jouissance qui manque aux pervers. Ce n'est pas parce qu'ils auront passé quinze ans ou vingt ans en prison qu'ils ne recommettront pas les mêmes méfaits. Voilà ce que ce texte essaie de corriger.

Certes, nous n'échapperons pas à un grand débat sur la psychiatrie, en particulier sur les moyens qui lui sont alloués, que Michel Hunault a évoqués. La France y consacre 4 % de son budget de la santé quand d'autres pays sont à 11 %. Soit. Mais là n'est pas la question ce soir. (« Si ! » sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.) Non, il s'agit aujourd'hui de morale. Il s'agit de reconnaître les victimes et de permettre aux familles de faire leur travail de deuil en paix, le crime ou le viol ayant été reconnu comme ayant eu lieu. Voilà ce qui est demandé à la représentation nationale. Je serai fier de voter cette loi et de soutenir votre démarche courageuse, madame la ministre ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

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