Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Xavier Darcos

Réunion du 4 novembre 2008 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2009 — Enseignement scolaire

Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale :

Pourtant, ce budget suscite des craintes, souvent infondées, chez ceux qui y voient un synonyme de rigueur, de restriction, de diminution de moyens. Tel n'est pas le cas, puisqu'il continue de progresser cette année au rythme, non pas de 1,6 %, mais de 2,06 %, pour atteindre un total de 59,9 milliards d'euros.

Ces presque 60 milliards sont mobilisés autour de trois objectifs, qui traduisent tous un même souci d'efficacité et de justice sociale. En effet, les ambitions sont claires : diviser par trois le nombre d'élèves repérés en difficulté à la sortie de l'école primaire, abaisser significativement le nombre des sorties sans diplôme du système scolaire – qui sont, actuellement, de 150 000 par an – et, enfin, mieux préparer à l'enseignement supérieur, puisqu'un bachelier sur deux n'obtient aucun diplôme du supérieur après trois ans d'études.

Pour atteindre ces objectifs, l'école a besoin de tous ses moyens, et des moyens nécessaires. Le budget pour 2009 doit permettre de répondre à ces ambitions, mais il faut veiller à ce que chaque euro versé par les Français soit utile à l'avenir de leurs enfants, comme l'ont rappelé Michel Herbillon et André Schneider.

Efficacité, donc, mais aussi justice sociale : tel est le sens de la réforme que je conduis sous l'autorité du Premier ministre et du Président de la République.

J'ai entendu des soutiens, mais aussi des critiques. Certains s'interrogent sur le rythme de ces réformes, d'autres sur les évolutions profondes que nous sommes conduits à proposer au système éducatif, qui doit cesser d'être à lui-même sa propre fin. J'ai beaucoup entendu parler du malaise enseignant, et je partage cette analyse, mais le système éducatif n'est pas fait pour les enseignants : il est fait pour les élèves et leurs familles. Les avis des orateurs de l'opposition seraient d'ailleurs assez différents s'ils se référaient à l'opinion qu'ont les familles des réformes que nous conduisons.

Je connais les interrogations, je mesure l'ampleur des changements que nous opérons et je reconnais que nous réformons à bon pas, mais j'assume ce choix, ce rythme et ces changements, car je vois bien la formidable capacité de transformation de notre système éducatif, dès lors qu'il s'agit de renouer avec l'aspiration au progrès social. Je remercie d'ailleurs vos deux rapporteurs, Marc Censi et Frédéric Reiss, de l'avoir rappelé dans leurs exposés préalables et d'avoir finement analysé la volonté politique qui est la mienne.

Le progrès social, c'est d'abord le refus de la fatalité qui pèse sur des enfants dès le début de leur vie d'élève. Or le système scolaire, quoi que l'on ait dit beaucoup de bien du passé, a fini par s'avouer pratiquement impuissant à surmonter le poids des origines sociales. Je ne fais, du reste, de procès à personne, et surtout pas aux orateurs de l'opposition qui ont beaucoup insisté sur le fait que cette fatalité sociale était notre ennemie principale. Je suis d'accord avec eux sur ce point, mais nous verrons si les moyens qu'ils proposent sont les bons. Je déplore d'ailleurs qu'un débat d'une telle importance, qui engage l'avenir de la nation, se déroule dans un hémicycle clairsemé ; sans doute ne sommes-nous pas assez nombreux ce matin, mais je n'ai pas de jugement à porter sur cette situation.

C'est à l'école primaire que se joue le destin scolaire de nos enfants. C'est d'ailleurs à celle-ci que la République a toujours confié la mission la plus essentielle, celle de rétablir l'égalité des chances, souvent occultée par le hasard de la naissance. À cet égard, et Benoist Apparu l'a très bien rappelé, le constat que nous avons dressé dès la fin de l'année 2007 n'était pas supportable. Des études objectives, notamment celles du Haut conseil pour l'éducation, et d'évaluations internationales, notamment l'enquête PIRLS, ont en effet mis en évidence une dégradation continuelle des performances du système éducatif français et, surtout, la prévalence de l'origine sociale des élèves dans les statistiques de l'échec scolaire. Je ne crois donc pas – ou plus, peut-être – qu'il suffise de s'en tenir aux vieilles recettes, aux anciennes réponses quantitatives, aussi inadaptées que systématiques,…

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion