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Intervention de Michel Barnier

Réunion du 26 mars 2009 à 15h00
Bilan de santé de la politique agricole commune — Questions

Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche :

Je voudrais tout d'abord remercier Jean-Pierre Soisson pour la passion, la compétence et l'énergie qu'il a mises à défendre – il les avait soutenus quand il était ministre de l'agriculture – les efforts de qualité, qui ont été longs, tenaces, difficiles, pour les rosés de Provence notamment, mais pas seulement.

Je ne peux pas, comme vous, accepter l'idée qu'à force de mentir au consommateur et de laisser faire n'importe quoi, on décourage, on déstabilise, on détruise ces efforts tendant à la qualité.

En France, le coupage est interdit, mais il est pratiqué dans d'autres pays européens, qui exportent leur vin de coupage chez nous, comme l'Espagne. Des pays comme l'Australie et la Nouvelle-Zélande pratiquent très généralement le mélange, ils exportent vers l'Europe et quelquefois vers la France. De ce fait, la Commission a imaginé mettre fin à l'interdiction du coupage des vins blancs et des vins rouges sans indication géographique, pour aligner les normes européennes sur les normes oenologiques internationales. Je rappelle que l'Office international du vin accepte et reconnaît actuellement les procédés de coupage et de mélange.

La France a abordé cette discussion avec beaucoup de réserves. J'ai écrit à plusieurs reprises à la Commissaire européenne – le 11 février et le 13 mars – pour exprimer mon opposition à ce qui était initialement prévu par la Commission. Je veux aussi vous rappeler que nous sommes dans un marché intérieur, avec ses avantages et ses contraintes. L'avantage, c'est que l'on peut exporter nos productions, et nous ne nous en privons pas. Je voudrais dire à M. Chassaigne, qui confond parfois protection et protectionnisme, qu'il faut prendre garde à ne pas introduire des règles qui nous vaudraient des mécomptes immédiats dans les pays vers lesquels nous exportons.

Nous avons, dans le secteur agricole et agro-alimentaire, un excédent commercial de 9 milliards d'euros, notamment grâce au vin. Nous sommes dans un marché intérieur, monsieur Soisson. Sur les vingt-sept pays de l'Union, seuls deux d'entre eux se sont opposés aux propositions de la Commission : la Hongrie et la France. Cela ne suffit pas. Quand on est minoritaire, pour ne pas dire ultra-minoritaire, on est conduit à négocier. Sinon, on est battu.

Nous avons donc négocié avec la Commission. Au terme de cette négociation, la Commission a proposé, il y a quelques jours, que l'on puisse introduire un étiquetage facultatif « rosé traditionnel » ou « rosé issu de mélanges », qu'un État membre pourra rendre obligatoire pour les seuls vins produits sur son territoire.

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