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Intervention de Patrick Bloche

Réunion du 5 février 2009 à 15h00
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Article unique, amendement 1

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Bloche :

…en évoquant le positionnement de François Mitterrand lui-même à l'égard des médias. Faire la loi, c'est envisager ses faiblesses futures pour mieux se les interdire. Restons lucides : oui, le pouvoir politique, comme tout pouvoir, porte en lui le risque de l'abus. Comment ne pas croire qu'il préférera toujours à la rudesse des critiques, la douceur des louanges. Mais c'est de cette faiblesse que le pouvoir politique doit se prémunir en instituant une séparation vraiment nette garantissant le pluralisme de l'information et l'indépendance des rédactions. Tel n'est pas le cas avec ce projet de loi organique. Ce texte n'interdit rien, et nous savons, ici plus qu'ailleurs, que ce que la loi n'interdit pas, elle le permet.

C'est pourquoi nous nous sommes opposés avec conviction – du moins l'espérons-nous, car nous n'avons malheureusement pas convaincu la majorité de l'Assemblée – à ce texte qui, pour nous, marque une régression fondamentale.

Nos collègues de la majorité vont nous dire : « Nos concitoyens ont bien d'autres soucis en ce moment, avec la crise économique et sociale, avec la récession ! Qu'ont-ils à faire de la manière dont sont nommés les présidents de France Télévisions, de Radio France et de l'audiovisuel extérieur de la France ? » Mais justement, mes chers collègues, prenez garde à ce que pensent fondamentalement les Français. On sait leur attachement aux libertés publiques, attachement viscéral parce que séculaire. Les Français, c'est le peuple de la grande Révolution française. À ce titre, ils font preuve d'un attachement historique aux libertés publiques, à l'indépendance des médias et au pluralisme de l'information. Leur attachement est encore plus vif lorsqu'un projet de loi, par la mise sous la double tutelle budgétaire et politique de l'audiovisuel public, ne vise en fait qu'à bâillonner toute opposition, toute manifestation de mécontentement. Mais quand on bâillonne ceux qui protestent (Exclamations sur les bancs du groupe UMP), ceux qui ne sont pas d'accord, on prend les plus grands risques qui soient. Chers collègues, dans ce contexte de crise qui va s'approfondir, dans ce contexte de récession, si vous ne permettez pas à ceux qui souffrent de s'exprimer parce que l'audiovisuel aura été bâillonné par le pouvoir politique, vous prenez un risque insensé. Vous prenez le risque que l'expression des protestations de refus se fasse ailleurs que dans cet hémicycle. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR.)

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