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Intervention de Arnaud Montebourg

Réunion du 8 juillet 2008 à 21h30
Modernisation des institutions de la ve république — Article 1er, amendement 318

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArnaud Montebourg :

Là, c'est une mention aux vertus impératives qui est demandée, et je comprends d'ailleurs pourquoi vous l'esquivez d'un revers de main négligent. En effet, si cet amendement était adopté, M. Sarkozy serait immédiatement bridé dans sa tentative de contrôle ou de reprise de contrôle par l'État de France Télévisions. Car l'amendement organise la protection constitutionnelle des organes de presse audiovisuels publics ou privés à l'égard de l'État et d'un certain nombre d'intérêts économiques. S'il était voté, les législateurs que nous sommes auraient l'obligation d'organiser leur protection ou leur sanctuarisation.

Voilà bien la difficulté où le pouvoir se retrouve, dans sa turpitude. Nous l'avons souligné tout à l'heure : si l'on additionne le contrôle des médias, dont il décide aujourd'hui, à la monopolisation de la parole publique, sur les chaînes, grandes ou petites, par le Président de la République et ses collaborateurs, on constate que le pouvoir contrôle désormais les médias et que ceux-ci ont totalement perdu leur indépendance. Le pluralisme n'est plus assuré dans notre pays depuis plusieurs mois. (Vives protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

Avec ses déclarations de principe généreuses, la Constitution ne permet pas actuellement d'empêcher le pouvoir d'exercer de tels abus sur ce contre-pouvoir que constitue le quatrième pouvoir médiatique. Voilà pourquoi vous n'avez pas répondu à la question fondamentale, madame la garde des sceaux.

M. Bayrou soutient un amendement dont l'adoption empêcherait la prise de contrôle des médias que tente en ce moment M. Sarkozy. Son rejet pèsera lourd sur le pluralisme dans la vie quotidienne. Le traiter avec autant de légèreté est aussi inacceptable que détestable. Pour notre part, monsieur Bayrou, nous voterons l'amendement, car nous ne voulons pas laisser s'installer la croyance que l'on peut tout faire, même jouer avec le système médiatique. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)

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