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Intervention de Yves Cochet

Réunion du 15 octobre 2008 à 15h00
Grenelle de l'environnement — Article 10

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Cochet :

Le pic de Hubbert montre que la production de pétrole a déjà commencé à décroître – ce qui est également vrai pour le gaz. Ce fait va profondément bouleverser nos modes de transport, car le prix de l'essence va augmenter. Vous allez me dire qu'il est en train de baisser, mais n'oubliez pas que nous sommes entrés dans une période de récession ! Nous avons eu hier un débat sur la crise financière, lors duquel j'ai essayé d'exposer un point de vue constituant une alternative au conformisme mental qui atteint la plupart des bancs de cette assemblée. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Certains ont tenu des propos triomphalistes, tirant argument du fait qu'à la suite de l'Eurogroupe, les bourses avaient remonté lundi et mardi. Pas de chance, le CAC40 est à nouveau à moins 6 % aujourd'hui ! Peut-être remontera-t-il demain, nul ne peut le dire. Ce qui est certain, c'est que la récession dans laquelle nous venons d'entrer va être longue et profonde, notamment dans le domaine des transports. Et on ne pourra pas y faire grand-chose : le pic de Hubbert n'est pas un modèle économique, mais une courbe tracée sur la base d'un phénomène géologique. Que voulez-vous faire contre la géologie ? Quand il y a moins de pétrole, on n'y peut rien !

Dans ces conditions, vouloir protéger les poids lourds est irresponsable du point de vue social, pour les transporteurs routiers, et pour l'économie de la France. Il faut tenir compte de la réalité matérielle du monde ! Je mets en garde contre les articles 10, 11 et 12 sur les transports : remplacer une offre de transport routier par une autre offre ne se fait pas si facilement – même si je préfère, pour ma part, le transport fluvial, le cabotage et le transport par chemin de fer. J'ai des diapositives qui montrent que les voies de chemin de fer étaient dix fois plus étendues en 1921 qu'elles ne le sont aujourd'hui. Depuis quatre-vingt-dix ans, on a cassé systématiquement les voies de chemin de fer au profit des camions et des bagnoles !

Et la facture va arriver assez vite d'abord la facture pétrolière, mais aussi la facture sociale. Il y a actuellement 36 000 transporteurs routiers, mais je suis prêt à prendre le pari que, dans dix ans, ils seront moins de 5 000 et cela n'a rien à voir avec le volontarisme politique. Ce mode de transport coûtera tout simplement trop cher, à cause des gaz à effet de serre en aval du carbone et à cause de la déplétion pétrolière en amont.

Essayons donc d'être réalistes ! Ce n'est pas une question d'idéologie. Regardons en face la réalité du monde. Tous les volontarismes politiques n'y pourront rien : quand les ressources diminuent, elles diminuent, et notre aveuglement en matière d'infrastructures pourrait nous coûter très cher.

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