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Intervention de Martine Billard

Réunion du 4 mars 2009 à 21h30
Réforme de l'hôpital — Après l'article 17, amendement 1375

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMartine Billard :

Cet amendement vise à ce que les professionnels de santé et du secteur médico-social reçoivent, au cours de leur formation initiale et continue, une formation spécifique concernant l'évolution des connaissances relatives aux pathologies professionnelles.

Dans le titre du projet de loi consacré à la prévention, ce point fait cruellement défaut. Certes, durant son audition par la commission, Mme la ministre a expliqué que la question serait traitée lors de la révision de la loi de santé publique, mais nous pouvons bien aborder le sujet dès maintenant, puisque dans ce texte nous devons discuter de dispositions relatives à la formation.

Toutes les données dont nous disposons témoignent du maintien, et même de la progression, des inégalités d'espérance de vie. Ainsi, pour cette statistique, sept années séparent toujours les cadres des ouvriers. Par ailleurs, l'état de santé des salariés à plutôt tendance à se détériorer : le nombre de cancers et de troubles musculo-squelettiques a explosé, et de nouveaux phénomènes d'ampleur en termes de risques psychosociaux, comme le stress, ont fait leur apparition.

Il est donc essentiel que l'ensemble des professionnels de santé qui sont amenés à examiner des patients ayant une activité professionnelle aient une connaissance des pathologies liées au travail. Ainsi, l'état de santé des salariés sera pris en compte de façon globale, au-delà de la médecine du travail.

Aujourd'hui, plus d'un salarié sur dix est soumis, dans le cadre de ses activités professionnelles, à des substances dangereuses, qu'elles soient cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques – je n'évoquerai même pas le cas de l'amiante. Et les salariés les plus précaires, qui sont plus que les autres victimes de ces atteintes à la santé, sont ceux que la médecine du travail suit le moins.

Aujourd'hui, cette question suscite une mobilisation, des pétitions circulent et des revues traitent le sujet. Désormais, les rapports se succèdent, comme celui d'Hervé Gosselin ou celui de Françoise Conso et Paul Frimat, pour constater que la médecine du travail est mal armée pour affronter les transformations des formes d'emploi et des conditions de travail. Ils préconisent d'ailleurs le recentrage de l'activité des médecins du travail sur la prévention, et l'augmentation de leur nombre ainsi que de celui des enseignants dans cette discipline.

Malheureusement, aujourd'hui, nous en sommes loin puisqu'il est plutôt question, semble-t-il, de transférer une partie de la mission de la médecine du travail à la médecine libérale. Je pense que ce n'est pas une bonne idée, d'autant que les généralistes n'ont pas de formation spécifique dans le domaine des pathologies liées à l'activité salariée. Il faut bien reconnaître que les médecins généralistes sont souvent démunis lorsqu'ils sont, par exemple, confrontés à des maladies musculo-squelettiques : ils renvoient d'ailleurs généralement leurs patients vers les spécialistes. En tout cas, il est clair qu'une meilleure formation, initiale et continue, leur permettrait d'avoir une meilleure approche de la santé de l'ensemble des salariés.

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