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Intervention de Daniel Paul

Réunion du 18 juin 2008 à 15h00
Réforme portuaire — Article 1er, amendement 68

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Paul :

Dès lors, en nous plaçant dans la logique de ce projet de loi, et des dérogations limitatives qu'il prévoit, nous considérons que si l'autorité portuaire est autorisée à exploiter des outillages par le biais de filiales, il est nécessaire de prévoir que celles-ci seront et resteront publiques. Le fait que le grand port maritime soit l'actionnaire majoritaire en cas de filialisation serait un gage de sécurité, notamment en cas de désengagement d'un ou plusieurs actionnaires. À défaut, ce seraient les armateurs qui prendraient le contrôle de ces filiales, et, ainsi, maîtriseraient d'un bout à l'autre la chaîne logistique.

Nous sommes donc particulièrement inquiets de la pérennité de l'organisation que vous proposez. Que se passera-t-il si, par exemple, tel armateur décide de se dégager d'un port pour aller s'implanter ailleurs ? Votre projet de loi ne contient aucune disposition réelle, contraignante, visant à imposer aux armateurs une durée d'engagement minimale. Une telle durée ne pourrait évidemment pas n'être que de quelques mois ni même de quelques années : il faudrait un engagement durable.

Cela m'amène à souligner qu'il faut que les ports disposent de personnels permanents, qualifiés et compétents pour l'exploitation des outillages. On sait très bien que, pas seulement dans les ports, mais dans toutes les activités industrielles, le savoir professionnel se maintient dans une entreprise par la présence des salariés qui possèdent les savoir-faire et les connaissances. Dès lors que vous faites disparaître progressivement de l'entreprise sa partie technique, vous lui retirez les compétences et les connaissances dont elle a besoin pour prospérer et pour reprendre ou préserver certaines activités.

Un exemple : celui de la formation. Certains ports ont un nombre d'accidents élevés à cause de la vétusté des matériels. Maintenance et formation n'y sont pas des priorités suffisantes, alors que tous les métiers qui s'exercent sur les quais, en particulier ceux de grutier et de portiqueur, sont des métiers dangereux. Les murs de conteneurs sur lesquels se promènent des « cavaliers », comme on dit dans le jargon, sont des endroits extrêmement dangereux. Ce n'est donc pas un détail que de former ces salariés, notamment les grutiers et les portiqueurs. D'après ce que l'on m'a dit, il faut environ trois semaines de stage pour les former. Pourtant, dans les silos privés, les entreprises ne consacrent en moyenne à leur formation qu'une journée et demie ! Pas étonnant que l'on ait des craintes concernant la sécurité dans ces établissements ; pas étonnant non plus que les salariés des ports partagent nos craintes.

Nous estimons en conséquence que les filiales chargées de l'exploitation des outillages spécifiée dans le projet stratégique doivent être majoritairement détenues par les grands ports maritimes, et le rester. Elles doivent donc demeurer majoritairement publiques.

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