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Intervention de Noël Mamère

Réunion du 22 septembre 2008 à 15h00
Débat et vote sur l'autorisation de la prolongation de l'intervention des forces armées en afghanistan

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

Malgré de nombreux dons internationaux, la situation continue à se dégrader pour les Afghans. Ils se sentent méprisés par des militaires étrangers, ignorants des coutumes et de la culture locales, qui traitent avec les seigneurs de guerre et les chefs de village, sans se préoccuper des aspirations de la population, favorisant ainsi le détournement de l'argent de la communauté internationale au profit de structures corrompues à tous les niveaux.

« En opposant Mahométans contre Hindous, tribus contre tribus, castes contre castes », comme l'écrivait Marx en 1842 à propos des méthodes des officiers britanniques pour imposer leur suprématie, on empêche, aujourd'hui comme hier, l'existence d'un État afghan viable. Les Anglais ont été défaits, mais ils ont laissé une frontière de 1 500 kilomètres, la ligne Durand, du nom de l'officier qui a durablement séparé l'Afghanistan de l'Empire des Indes, puis du Pakistan.

C'est cette frontière coloniale, par laquelle les tribus pachtounes ont été divisées, qui fournit aujourd'hui une base arrière inexpugnable aux talibans et à Al-Qaïda pour déstabiliser le Pakistan. Les récentes interventions répétées des forces américaines dans ces zones font redouter une extension du conflit qui entraînera la coalition internationale, et donc la France, dans une logique de guerre régionale aux conséquences imprévisibles comme vient de le prouver l'attentat d'Islamabad.

La relance du trafic de drogue après 2001 a fait de l'Afghanistan le premier État narcotrafiquant du monde. La culture du pavot permet à 500 000 paysans de survivre. C'est pourquoi quand les forces de la coalition veulent détruire leurs champs, ils prennent les armes et deviennent des insurgés, alimentant l'engrenage inexorable de la guerre. Plus de 920 soldats de plusieurs nationalités, dont 24 Français, ont déjà trouvé la mort.

Comme en Irak, les pertes civiles sont incalculables. La politique de guerre dite de basse intensité se traduit par des bombardements aveugles et quotidiens, qui ressoudent la population autour de la fraction la plus radicale des talibans. On ne compte plus les mariages et les fêtes écrasés sous les bombes parce qu'ils sont faussement assimilés à des regroupements talibans. (Murmures.) Il faut se rendre à l'évidence : la coalition a perdu la guerre !

La confusion règne dans le commandement où plusieurs forces agissent parallèlement. Sept ans après avoir été chassés du pouvoir, les talibans regagnent du terrain et maîtrisent aujourd'hui près de 50 % du territoire afghan.

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