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Intervention de François Fillon

Réunion du 22 septembre 2008 à 15h00
Débat et vote sur l'autorisation de la prolongation de l'intervention des forces armées en afghanistan

François Fillon, Premier ministre :

Mesdames et messieurs les députés, la conférence de Paris ne s'est tenue qu'il y a deux mois. Le délai est encore trop court pour en apprécier les résultats, mais, d'ores et déjà, nous pouvons dire que les autorités afghanes ont pris des mesures conformes à ses conclusions : elles ont fait des efforts en direction des provinces, elles cherchent à mieux associer les chefs locaux aux actions de développement, elles ont accéléré l'entrée en vigueur de la loi anti-corruption.

Le 17 septembre dernier, votre mission d'information a auditionné Antonio Maria Costa, le directeur de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime. Il vous a indiqué qu'en 2008, pour la première fois, la superficie cultivée comme la production ont baissé.

Le nombre de provinces considérées comme libres de culture a fortement augmenté, la production se concentrant désormais dans les provinces du Sud, particulièrement le Helmand, là où l'insécurité est encore forte.

Nous devons amener les autorités locales comme le gouvernement central à faire plus, y compris en exigeant – ce que nous faisons – le limogeage des personnalités impliquées dans le narcotrafic.

La France prend toute sa part de cet effort. Nous avons lancé une action importante contre le trafic des précurseurs chimiques, utilisés pour la transformation de l'opium en héroïne et c'est à notre initiative que le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, en juillet 2008, la résolution 1817, qui demande à tous les États concernés, à commencer par l'Afghanistan et ses voisins, de renforcer le contrôle des précurseurs.

Ce combat contre la drogue est évidemment très difficile et il est vrai qu'il est souvent mal vécu par les populations locales. Il suppose le développement de cultures alternatives, qui doivent pouvoir être rentables pour les paysans.

Notre stratégie, c'est aussi celle de la démocratie et de la réconciliation de l'Afghanistan.

La démocratie, ce n'est pas seulement le privilège des seules nations développées. Elle est aussi une arme contre ceux qui misent sur la servitude et le mutisme du peuple afghan. Huit millions d'électeurs ont voté lors de l'élection présidentielle de 2004, et cinq millions aux législatives de 2005.

L'élection présidentielle et l'élection des conseils provinciaux se tiendront à l'automne 2009. Quant aux élections législatives et à celles des conseils de district, elles auront lieu à l'été 2010. Pour les institutions afghanes, ce sera un rendez-vous décisif ! Et c'est justement ce rendez-vous que nous devons accompagner et protéger pour qu'il aille jusqu'à son terme.

Pour garantir le succès de la démocratisation de l'Afghanistan, il faut aller vers une réconciliation nationale. Les autorités afghanes doivent créer les conditions d'un dialogue politique avec tous ceux qui sont susceptibles de respecter les institutions et de déposer les armes.

Pour notre part, nous devons réfléchir à la nature même de l'insurrection à laquelle nous sommes confrontés.

L'adversaire ne constitue pas un bloc unifié. Il nous faut explorer la manière de séparer les jihadistes internationalistes de ceux qui inscrivent davantage leur action dans des logiques nationales ou tribales. Des efforts en ce sens sont menés par des pays sunnites comme l'Arabie Saoudite.

Nous devons nous appuyer sur les structures traditionnelles et réintégrer ceux des insurgés, notamment pachtounes, qui n'ont pris les armes que parce qu'ils se sont sentis exclus de l'effort de reconstruction.

Sécurisation, afghanisation, reconstruction, démocratisation et réconciliation : c'est cette approche globale qui est au coeur de la stratégie rénovée et de la conférence de Paris. C'est celle que nous pratiquons dans la région centre, que nous commandons. C'est celle que nous défendons dans toutes les instances politiques et militaires : à l'ONU, au Conseil de l'Atlantique Nord et au sein de l'état-major de la FIAS.

Mesdames, messieurs, cette approche globale réclame une grande maîtrise dans les opérations militaires. Les armées de la coalition doivent impérativement veiller à faire un usage proportionné de la force. Nos soldats ne peuvent parvenir à nouer une relation de confiance avec une population qui continuerait à être meurtrie par des actions offensives insuffisamment ciblées. (« Très bien ! » sur les bancs du groupe UMP.) Nos soldats sont particulièrement sensibilisés à cet impératif.

Concernant l'engagement de ses propres forces, la France exerce un contrôle national permanent, extrêmement strict, sur l'action de son contingent. Nos pilotes ont pour instruction de ne tirer que sur des cibles identifiées à 100 %. (« Très bien ! » sur les bancs du groupe UMP.)

Cette vigilance que nous nous imposons, il importe que nos alliés, tous nos alliés, en fassent preuve également. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

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