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Intervention de Noël Mamère

Réunion du 12 décembre 2008 à 9h30
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Article 18, amendement 705

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

Je soutiens l'amendement défendu par notre collègueJean Dionis du Séjour.

Quant à la date à laquelle devrait commencer l'application de la suppression de la publicité, il n'y a pas besoin d'aller chercher très loin pour savoir pourquoi celle du 5 janvier a été choisie : il suffit de se référer au Libre blanc de TF1, qui semble être devenu la Bible du Président de la République. Celui-ci a donc pris cette décision unilatérale, sans consulter personne, ce qui a plongé le service public de l'audiovisuel dans de grandes difficultés. Rappelons que son résultat, qui était positif de 29 millions d'euros, est devenu, depuis l'annonce présidentielle, déficitaire à hauteur de 80 millions à 100 millions d'euros. On ne peut pas dire que l'audiovisuel public va commencer l'année dans les meilleures conditions.

Nous, sur les bancs de l'opposition, nous regrettons, tout commeM. Jean Dionis du Séjour, le fait que vous ayez voulu faire une entreprise unique et un guichet unique. Nous n'étions pas contre le principe de l'entreprise unique, mais à condition qu'elle préserve la spécificité et la couleur de chacune des chaînes, ce qui renforce le bouquet culturel qu'offre le service public de l'audiovisuel. Madame la ministre, je vous renvoie à la tribune qu'a publiée, hier, le bureau de la société des journalistes de France 2. De plus, je rappelle que, pour les journalistes, cette réforme est considérée « […] comme une catastrophe programmée. La télévision publique n'aura plus la capacité de résister au pouvoir du Chef de l'État, ni les moyens de vivre ».

Vous avez dit qu'il ne fallait plus parler de France 2. Mais je vous signale qu'elle existe toujours et qu'elle est en charge de produire et de diffuser des documentaires, des films de fiction, des créations audiovisuelles, et aussi d'informer les Français. Vu la situation, voici ce qui est dit à la rédaction de France 2 : « On nous demande de serrer la ceinture. La grande blague, c'est : “On ne sort plus du périph”. On fait des demandes de tournage, et on nous répond : “non” ». Écoutez bien, madame la ministre : « On nous dit de faire appel aux correspondants ou de prendre les images de France 3.

Les économies se font sur les 18 à 20 % du budget de la rédaction qui sont consacrés aux tournages. Pour la Grèce, on est parti un jour trop tard. » Cela signifie que la situation économique gravissime dans laquelle se trouve le service public de l'audiovisuel, et en particulier la première de ses grandes chaînes généralistes, rejaillit sur l'information. Ces économies, la fragilité et la vulnérabilité de ces chaînes depuis les déclarations du Président de la République, portent atteinte au droit à l'information.

Aussi longtemps que ce sera nécessaire, nous répéterons que cette réforme est examinée et votée dans la précipitation, afin d'appliquer la décision unilatérale d'un Président de la République qui a voulu faire un coup politicien et surtout bien servir, bien gaver ses copains de l'audiovisuel privé. Cette bagarre que nous menons sur l'article 18 nous semble absolument nécessaire et vitale pour sauver le service public.

(L'amendement n° 705 rectifié n'est pas adopté.)

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