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Intervention de Patrick Braouezec

Réunion du 8 décembre 2008 à 16h00
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Article 15

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Braouezec :

L'article 15 est le seul qui entre dans le détail du cahier des charges de France Télévisions, et je veux en profiter, même si mon groupe n'a pas déposé d'amendements, pour évoquer la question, totalement absente du projet de loi, de l'éducation à l'image.

La présence de l'image dans notre société est permanente. Nos concitoyens – et je pense en particulier aux jeunes – passent trois heures par jour en moyenne devant la télévision – je ne parle même pas d'Internet. L'éducation à l'image est donc indispensable, nous en conviendrons tous. Or, rien dans le projet de loi n'y fait référence, excepté l'exposé des motifs. Il semblerait même que France 5, qui s'était engagée dans un partenariat avec l'éducation nationale pour permettre une utilisation scolaire de ses programmes, en soit réduite à un rôle de faire-valoir. On ne peut comprendre notre société sans décryptage de l'image qui y est reine. Le rôle de l'éducation nationale nous semble essentiel et le travail entamé conjointement avec France Télévisions devrait se poursuivre.

Je pense que Bernard Stiegler a raison d'écrire dans La télécratie contre la démocratie : « Une politique industrielle de la télévision est inséparable d'une politique de l'éducation nationale et de la transformation de ces dispositifs d'adoption que sont les collèges, écoles, lycées et université.

« Il faut remplacer la concurrence entre institutions de programmes et industries de programme par une complémentarité, comme c'est aujourd'hui le cas entre le monde des livres et les établissements d'enseignement. »

Le manque de réflexion sur l'éducation à l'image m'inquiète d'autant plus que certains veulent aujourd'hui créer une « baby télé » pour les enfants de moins de trois ans. Or le CSA écrivait dans sa recommandation du 22 juillet 2008 : « Dans un avis du 16 avril sur l'impact des chaînes télévisées sur le tout petit enfant, de zéro à trois ans, le ministère de la santé considère comme non-pertinent le concept de programme de télévision adapté à l'enfant de moins de trois ans.

« Les fondements scientifiques sur le développement cognitif et psychique de l'enfant tendent à démontrer que les programmes de télévision spécifiquement conçus pour les très jeunes enfants ne sauraient avoir un effet bénéfique sur leur développement psychomoteur et affectif.

« Le ministère de la santé se prononce contre la diffusion des chaînes spécifiques pour les enfants de moins de trois ans et recommande notamment que les sociétés commercialisant des émissions destinées aux jeunes enfants ne puissent alléguer de bénéfices pour la santé ou le développement de l'enfant, non prouvés scientifiquement. »

Madame la ministre, je voudrais connaître votre position sur ce sujet. Je serai très attentif à votre réponse, car ce point est important. Alors que certains ministres préconisent d'emprisonner des jeunes à partir de douze ans, va-t-on aussi autoriser l'intoxication par la télévision des enfants âgés de zéro à trois ans ?

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