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Intervention de Serge Grouard

Réunion du 8 juin 2009 à 16h00
Loi de programmation militaire pour les années 2009 à 2014 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Grouard :

Monsieur le ministre, le projet de loi de programmation militaire que vous nous proposez, est avant tout la planification sur cinq ans des moyens humains, matériels et financiers consacrés à notre défense. Mais, ne nous y trompons pas, il est aussi plus que cela. Il s'agit d'un test de crédibilité internationale pour la France.

Dans un environnement international qui ressemble de plus en plus à une compétition-coopération entre les États, où chacun se jauge par rapport aux autres, en ce que Thierry de Montbrial a appelé une « manoeuvre permanente des potentiels », où tend à s'effacer l'ancienne distinction entre temps de paix et temps de guerre, où peut-être même le temps de « paix impossible-guerre improbable » de Raymond Aron cède le pas à une « paix possible-guerre probable », ce projet de loi doit être le signe clair de la volonté de la France d'exister en tant qu'acteur international majeur.

À cet effet, il doit accréditer auprès du reste du monde la pertinence de notre projet politique, la cohérence de notre stratégie et la suffisance des moyens que nous y consacrons. C'est à cette aune qu'il convient de l'évaluer, en nous demandant s'il donne à la France les capacités et les outils de sa sécurité et de sa crédibilité politique. Cette réflexion appelle trois questions : sur la cohérence du projet politique au regard des menaces, sur la définition des orientations stratégiques et du format capacitaire qui en découle, enfin sur les moyens qui y sont consacrés. Elles fourniront le cadre de mon intervention.

En ce qui concerne le projet politique, le Livre blanc nous a proposé une analyse des perspectives internationales et des menaces dont on a salué l'exhaustivité. J'insisterai néanmoins sur trois points mentionnés dans la loi de programmation.

Tout d'abord, l'hypothèse de voir émerger de nouveaux conflits interétatiques est malheureusement vraisemblable. Qui peut dire comment évoluera le jeu de coopération-compétition entre les grandes puissances ? Assiste-t-on à l'émergence d'un nouveau concert des nations, à un rééquilibrage au détriment des États-Unis ou encore à un basculement progressif de la puissance vers l'Asie ? Nul n'en sait rien. Soyons donc très prudents et prenons l'hypothèse au sérieux, car elle est « dimensionnante » pour nos capacités.

Ensuite, nous sommes entrés dans l'ère des ressources naturelles limitées et des risques écologiques majeurs. Là encore, nul ne peut prétendre savoir quelles en seront les conséquences internationales. En tout cas, le conflit écologique ne peut être écarté.

Enfin, le projet politique français ne peut se concevoir que dans le cadre d'une construction européenne qui doit redevenir cette communauté de destin qui l'a portée aux premières heures. Pour cela, la construction d'une politique européenne de défense est une priorité, et elle doit être compatible avec nos alliances, notamment l'Alliance atlantique.

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