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Intervention de Yves Cochet

Réunion du 7 avril 2008 à 21h30
Organismes génétiquement modifiés — Article 3

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Cochet :

C'est l'intervention de notre collègue Grosdidier qui m'a incité à intervenir moi aussi. J'interroge aussi bien le rapporteur que le président de la commission et Mme la secrétaire d'État : les OGM sont-ils des additifs alimentaires ? Vous répondrez à cette question. Je vais pour ma part vous informer, vous éclairer sur cette histoire.

Car si les OGM étaient des additifs alimentaires, tout autre serait évidemment leur procédure d'autorisation. Il y aurait par exemple de longues études toxicologiques obligatoires. Eh oui, dès qu'on a un petit colorant de rien du tout, un petit gélifiant de presque rien, alors là, attention ! Cela figure obligatoirement, bien sûr, sur la composition de l'aliment que l'on peut ingérer. Et la procédure est assez lourde.

Voyant cela, les grandes firmes biotechnologiques se sont dit qu'il fallait essayer de biaiser. C'est ce qu'elles ont fait. Elles ont inventé un concept. Un concept ? Je suis assez généreux en employant ce terme. Disons plutôt un tour de passe-passe qui se présente comme scientifique et qui ne l'est pas du tout.

Son inventeur est le dénommé James Maryanski, qui a été le coordinateur des biotechnologies au sein de la Food and Drug Administration, c'est-à-dire l'équivalent de notre Haut conseil des biotechnologies pendant vingt ans, de 1987 à 2006. Il sait donc de quoi il parle. Et il nous dit ceci : « Nous savons que les gènes qui sont introduits dans les plantes par la biotechnologie produisent des protéines – tenez-vous bien, mes chers collègues – très semblables à celles que nous avons consommées pendant des siècles. »

« Si l'on prend l'exemple du soja Roundup Ready, nous dit-il, en fait, il contient une enzyme modifiée qui est pratiquement la même que celle qui existent naturellement dans la plante. La mutation est donc très minime. » Et donc, en termes de sécurité, il n'y a « pas de différence importante » entre l'enzyme manipulée et l'enzyme naturelle.

Comment se fait-il qu'un microbiologiste de la trempe de M. Maryanski, qui est tout de même un grand savant, arrive à énoncer une vérité scientifique grosso modo ? On n'a jamais vu ça ! Il a inventé la vérité scientifique grosso modo, autrement dit le principe d'équivalence en substance, qui est la base des OGM. Les OGM, c'est l'équivalence en substance des produits naturels.

C'est pour cela qu'il n'y a pas besoin de grande procédure scientifique d'évaluation ! Des études de deux ans sur le rat, ce n'est pas la peine ! D'ailleurs, ce n'est pas la peine de faire beaucoup d'études : c'est « presque » naturel, les OGM ! C'est même beaucoup moins dangereux que les additifs alimentaires. C'est moins dangereux que le sel, le poivre et les oignons. Alors quand même, qu'est-ce qu'on va s'ennuyer à faire des lois pour ça ?

Et il a gagné, M. Maryanski.

Cette histoire, évidemment, c'est du n'importe quoi du point de vue scientifique.

Et je termine, monsieur le président, en citant M. Michael Hansen, qui est un expert de l'Union des consommateurs des USA, qui dit ceci : « Le principe d'équivalence en substance est un alibi, qui ne repose sur aucun fondement scientifique, qui a été créé ex nihilo pour éviter que les OGM soient considérés comme des additifs alimentaires. »

Et voilà !

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