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Intervention de Yves Cochet

Réunion du 11 juin 2009 à 21h30
Grenelle de l'environnement — Article 28, amendement 382

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Cochet :

Cet amendement vise à supprimer la disposition selon laquelle l'agriculture française devrait beaucoup se développer « pour les décennies à venir ». Il n'est pas raisonnable, en effet, d'inscrire un engagement tout à la fois vague et excessif dans une loi d'orientation. On ignore d'ailleurs s'il s'agit des besoins alimentaires de la population française, européenne, ou mondiale – l'échelle de l'objectif n'est pas précisée. On parle souvent de la vocation exportatrice de l'agriculture française mais celle-ci peut avoir des conséquences très graves, notamment dans le Sud de la planète.

S'il s'agit de parvenir à plus d'autonomie au niveau local, c'est une bonne disposition. Mais l'objectif est trop souvent d'accroître les exportations avec des produits de piètre qualité. Moi qui suis originaire de territoires ruraux de Bretagne, je peux vous dire, monsieur Lassalle, monsieur Chassaigne, qu'on n'y trouve pas l'agriculture de qualité que l'on connaît chez vous. C'est du gros productivisme : qu'il s'agisse de porcs ou de poulets, pour ne prendre que ces deux exemples, c'est de l'industrie intensive, avec un gros recours à la chimie.

Intensifier pour exporter toujours plus de denrées alimentaires produites en France vers les pays pauvres n'est pas forcément une bonne chose. Cela risque au contraire de contribuer à l'affaiblissement de l'autonomie alimentaire des pays importateurs, pauvres le plus souvent. « Un ethnocentrisme ordinaire qui est précisément celui du développement », disait mon ami Serge Latouche. C'est le développement de cultures d'exportation. Les habitants de ces pays deviennent dépendants de notre agriculture.

Comme l'a dit Mme Vandana Shiva, animatrice d'un grand mouvement populaire en Inde : « S'il importe incontestablement aux pays du Sud de retrouver l'autonomie alimentaire, c'est donc que celle-ci a été perdue ». Je ne veux pas de ce nouvel impérialisme du Nord sur le Sud avec l'arme de la faim. D'où l'amendement n° 382 .

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