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Intervention de Jean Lassalle

Réunion du 11 juin 2009 à 21h30
Grenelle de l'environnement — Article 28

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Ce sera ma dernière intervention, madame la présidente, avant que je ne rentre dans le rang. Je vous remercie de m'avoir permis ce rattrapage ; sinon, j'aurais raté la saison...

Mon collègue du Puy-de-Dôme, André Chassaigne, et moi-même avons lancé une grande opération que nous avons appelée « Campagnes de France : grande cause nationale ». Nous ne nous connaissions pas avant d'entreprendre ce projet, qui nous a donné l'occasion de nous apprécier mutuellement.

Certes, nous ne sommes pas d'accord sur tout, il ne faut pas exagérer : il n'était pas facile pour moi d'expliquer à Bayrou pourquoi je me suis engagé dans cette démarche avec lui, et il en va de même pour lui avec Buffet. On fait comme on peut… Nous étions suffisamment libres tous les deux à l'égard de nos deux formations politiques pour pouvoir le faire.

Le résultat, c'est que nous sommes très demandés à travers toute la France. Mais nous ne viendrons chez vous, chers collègues, que si vous en êtes d'accord : nous ne voulons pas embêter les députés, quelle que soit leur couleur. Pour l'instant, comme nous n'étions pas encore tout à fait au point, nous n'avons été sollicités que par les amis. Nous voulons tenter de faire renaître une conscience des campagnes, une citoyenneté, une véritable langue car nous sommes tous – quels que soient les contrées – trop soumis à la langue citadine, devenue la langue universelle. Je pourrais vous en parler savamment en tant que président de l'Association des populations des montagnes du monde.

Voilà donc ce que nous faisons avec « Dédé le rouge », alias André Chassaigne… Nous sommes reçus par des hommes et des femmes de toutes sensibilités qui espèrent que, grâce à nos cahiers de doléances, qui seront suivis d'états généraux, nous pourrons redonner un langage qui rééquilibrera le langage citadin. Cela devrait également intéresser nos amis d'outre-mer. Cette démarche pourrait trouver sa place dans le cadre du Grenelle de l'environnement.

Par ailleurs, il serait bon de prendre conscience d'un phénomène très dommageable qui se développe très rapidement. Les 36 000 maires que compte la France constituent, pour moi, le dernier rempart pour défendre les grands acquis de la République. S'ils disparaissaient, nous serions confrontés à de nombreuses difficultés, compte tenu du très grand malaise actuel. Or ces maires se sentent de plus en plus laissés pour compte. On ne les avise plus forcément, on ne les honore plus comme ils le mériteraient ; finalement, il n'y a que la justice qui s'intéresse à eux… Lorsque les ministres sont tirés d'affaires, lorsque les préfets ont été mutés ailleurs, il reste le maire qu'on peut attraper au bout de cinq ou six ans pour le poursuivre sur le plan pénal. C'est dommage. Ces maires constituent une formidable originalité française et peuvent rendre de très grands services.

Je suggère aussi que nous créions l'Observatoire de la ruralité pour voir comment se développent et vivent ces 60 % de territoires ruraux. On nous dit que le nombre de retours à la campagne augmente. Mais quand on y regarde de plus près, on s'aperçoit qu'il s'agit de tous les retraités qui nous ont quittés il y a quarante ans pour aller gagner leur vie. Aujourd'hui, lorsqu'ils reviennent, ils nous embêtent plutôt parce qu'ils voudraient que rien ne change, et qu'ils bloquent notamment les ventes de propriétés. Parmi les nouveaux arrivants, il y a aussi tous ceux auxquels le RMI ou le RSA ne permet pas de vivre dans les banlieues, et qui croient pouvoir venir squatter à moindre frais quelque bergerie chez nous. Vous le voyez, cette population n'est pas beaucoup plus équilibrée que celle des banlieues. Il faudrait donc un Observatoire pour décider de la direction à donner.

Enfin, madame la secrétaire d'État, je pense à vous pour plusieurs raisons – je ne les dirai pas toutes. (Sourires.) Et d'abord parce que vous allez bientôt être ennuyée à propos des ours. Dans les Alpes, il y a beaucoup de loups, que les bergers tuent bien sûr à tour de bras. Tout va bien tant que personne ne le sait. Mais un jour, comme dans les Pyrénées, les gendarmes leur courront après, puis les procureurs de la République, puis les juges. Si vous voulez reparler des ours, des loups ou des lynx, il faudra le faire avec les hommes du pays et en toute confiance, comme nous avions commencé à le faire avec Patrick Ollier, lorsque nous étions tous deux présidents de parcs nationaux, et que Michel Barnier était ministre de l'environnement. Il a été un ministre de l'environnement très intelligent.

Il ne me reste plus, madame la présidente, qu'à vous présenter mes hommages. Vous êtes une très grande présidente et vous irez très loin. Bravo et merci d'avoir eu la patience de m'écouter comme vous l'avez jusqu'à maintenant !

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