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Intervention de Jean Lassalle

Réunion du 11 juin 2009 à 21h30
Grenelle de l'environnement — Article 27

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Je souhaite intervenir sur la directive Habitat et la directive Oiseaux. Lors de la dernière législative, j'étais dans une circonscription qui avait voté à 90 % – il est vrai qu'il s'agissait d'une triangulaire, et que je faisais partie des candidats. Or j'ai appris aujourd'hui que dans cette même circonscription, il ne s'est trouvé que 10 % d'électeurs pour se rendre aux urnes dans certains villages, alors que personne ne leur avait demandé de boycotter. On m'a même signalé une commune où seulement 4 % des électeurs s'étaient déplacés pour voter. Pourquoi ?

À mon avis, cela vient du fait que ces gens ont l'impression de ne plus rien représenter, tout étant décidé à leur place, très loin de chez eux, à Paris et à Bruxelles. Certes, il s'agit de directives européennes, mais elles ont été transcrites en droit français, sans le moindre débat, sur ordonnance présidentielle. Ce faisant, on éloigne beaucoup l'Europe de chez nous – et Paris aussi. En fait, nous nous éloignons les uns des autres, faute d'ouvrir un vrai débat à l'Assemblée nationale à l'occasion de la transcription d'une directive.

Il a été dit, lors de la dernière campagne pour les élections européennes, que nous travaillions avec 70 % de textes européens. Mais combien sont retranscrits ici en droit français au terme de véritables débats ? Le problème n'est pas nouveau : il se pose depuis une vingtaine d'années, quels que soient les gouvernements, et il me paraît grave.

Ces directives partent d'un bon sentiment : la volonté de protéger ces espaces merveilleux qui représentent 20 % du territoire français. Le problème est que l'on ruine l'espérance et les efforts de ceux qui ont veillé sur ces espaces jusqu'à présent, et qui pensaient le faire bien. L'homme chargé d'entretenir l'Arc de Triomphe est très heureux de le faire parce que l'Arc de Triomphe, c'est la France et c'est le monde. De même, les gens de chez nous sont très heureux d'entretenir leurs paysages parce que ce sont les paysages des Pyrénées, de la France, et qu'ils appartiennent à l'humanité tout entière. Ne plus leur reconnaître le droit de le faire – et, d'une certaine manière, les en mettre dehors – est une chose à laquelle je n'aurais jamais cru que la démocratie de 2009 pourrait aboutir.

Le Grenelle de l'environnement est intéressant parce qu'il permet de faire avancer un certain nombre de choses. S'il pouvait nous permettre d'évoluer sur ce que j'ai évoqué, nous y gagnerions tous beaucoup. Chacun est responsable, chacun a une conscience : Bruxelles n'a pas le monopole de la conscience ! Ces hommes et ces femmes en ont une, eux aussi, et peuvent continuer à faire des choses extraordinaires. Au lieu de cela, ils laissent une nature naturelle – belle, sans doute, mais qui n'est plus adaptée au mode de vie sédentarisé qui est le nôtre. Notre pays, notre monde moderne tellement bouleversé et agité, a grand besoin de ces havres de paix bien entretenus, avec des hommes et des femmes qui tiennent leur porte ouverte.

Je ne vous connais pas vraiment, madame la secrétaire d'État, je sais simplement que vous êtes une personne d'ouverture et une championne ; et quand on est bon à ce point, on est bon dans tous les domaines. J'espère seulement que vous rouvrirez ce dossier, afin de ne pas nous laisser malheureux pendant vingt ans de plus. J'espère que nous ne serons pas obligés de nous battre seuls contre l'Europe et contre l'État pour obtenir le droit de faire nous-mêmes et à notre façon ce que l'on veut nous imposer de faire différemment. Nous accomplirions si volontiers la tâche qui nous revient !

Il faut partir de la base pour remonter vers le haut. Je crois que l'on appelle cela la subsidiarité. Pourquoi pas ?

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