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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 7 janvier 2009 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2009 — Question préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

Pourquoi donc ses propositions n'ont elles pas été entendues, alors que les experts des ministères, voire élyséens, ne pouvaient pas les ignorer ? C'est que le groupe des entreprises privées, c'est-à-dire le MEDEF, a voté, seul au sein du CES, contre ce rapport. Les représentants patronaux ont écrit notamment : « La réalité, c'est que nos entreprises ont réussi et réussissent lorsqu'elles ont la liberté de le faire, [...] l'investissement est pour l'essentiel le fait des entreprises, grandes et petites. C'est à elles et à elles seules qu'incombe le risque de la décision d'investir [...] Pour cela, il faut une fiscalité qui cesse de pénaliser le développement des entreprises familiales – par exemple la taxe professionnelle ». Voilà le discours autiste du patronat ! Et le MEDEF se sert des petites entreprises comme cache-sexe pour les intérêts des grands groupes, qui sont la seule préoccupation de ses dirigeants. Passer de Seillière à Parisot, c'est tomber de Charybde en Scylla, car rien n'a changé !

Donc, le MEDEF seul a voté contre ce texte. Mais le Gouvernement n'est pas autiste seulement vis-à-vis du Conseil économique et social. Il l'est de la même façon vis-à-vis du Premier président de la Cour des comptes et des rapports de celle-ci qui nous expliquent que les exonérations, tant fiscales que sociales, sont inefficaces. Et c'est là que l'on voit que votre positionnement est uniquement idéologique. Ce qui résulte de l'analyse ne vous intéresse pas. La seule chose qui vous intéresse, c'est comment remplir les coffres des propriétaires du capital. Le reste, vous vous en fichez comme de votre première chemise, même si la conséquence de cette politique âpre c'est la misère qui se répand dans notre pays : des fins de mois impossibles, des gens qui n'en peuvent plus et auxquels vous avez fait perdre même l'espérance ! Or ça, c'est criminel parce que vous portez atteinte non seulement à la génération actuelle, mais aussi à celles de demain.

Les conséquences de la crise se manifestent très concrètement dans la vie de nos concitoyens. L'INSEE, dont on va sans doute nous dire à nouveau que les projections sont trop pessimistes, prévoit 214 000 destructions d'emplois dans le secteur concurrentiel au premier semestre 2009. Mais peut-être ces prévisions sont-elles, hélas, encore trop optimistes si l'on en juge par l'augmentation violente du chômage dont d'ailleurs aucun des deux représentants du Gouvernement ne nous a parlé aujourd'hui !

Le produit intérieur brut devrait reculer de plus de 1 % l'an prochain, après une chute de 0,8 % au quatrième trimestre 2008. M. Fillon, et Mme Lagarde avec son optimisme irréfragable, maintiennent leurs prévisions de croissance dans la fourchette de 0,2 % à 0,5 %. M. Fillon, dans un accès de relative prudence où l'on reconnaît bien le maire de Sablé, a déclaré : « Pour 2009, je pense qu'aucun pays européen n'évitera la récession. On espère être très proche de l'équilibre. » On admirera au passage le détournement sémantique consistant à désigner une croissance nulle par le terme d'équilibre ! Singulier équilibre que celui-là : il s'agit plutôt d'équilibrisme !

Le vécu de la crise pour les habitants de notre pays, c'est la déperdition de la valeur de leur épargne pour les petits actionnaires et ceux qui l'ont placée dans des produits financiers apparemment sûrs ; c'est l'impossibilité, pour les ménages modestes, d'obtenir un prêt immobilier ; c'est le refus opposé au chef d'entreprise d'obtenir de sa banque la ligne de trésorerie qui lui permettrait de faire face à ses charges ou le prêt pour tel ou tel investissement.

Nous avons auditionné M. Ricol et il a été très clair. Selon lui, il est faux de dire que le plan, les 40 milliards et les 320 milliards du Gouvernement ont servi à faire redémarrer quoi que ce soit jusqu'à présent.

Il est vrai que vous n'exercez aucun véritable contrôle sur les banques.

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