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Intervention de Bernard Reynès

Réunion du 9 octobre 2008 à 9h30
Grenelle de l'environnement — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernard Reynès :

Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, après des mois de discussions intenses et passionnées, 300 000 connexions et 14 000 contributions sur Internet, 15 000 participants aux réunions en région et le recensement de plus de 1 000 propositions, le processus du Grenelle de l'environnement arrive à maturité avec la discussion au Parlement.

Le Grenelle amorce une vraie révolution écologique pour la France, car tous les secteurs vont être concernés pour faire entrer la France et les Français dans le développement durable : transports, bâtiments, agriculture, énergies, biodiversité, santé. Nous serons tous touchés dans notre quotidien.

Aujourd'hui, conscients des enjeux écologiques, les agriculteurs entendent bien relever le nouveau défi que représente le Grenelle de l'environnement. Leurs efforts pour répondre à ce défi ne se sont jamais démentis. La modernisation de leurs outils de production pour accroître les rendements a permis, dans le passé, de répondre aux besoins alimentaires de notre population.

Depuis quelques années, les agriculteurs ont entamé une démarche éco-citoyenne pour protéger notre environnement et assurer la sécurité sanitaire de nos compatriotes. C'est l'agriculture raisonnée. Je vous rappelle que nos producteurs sont soumis à une réglementation en matière de traitements phytosanitaires beaucoup plus stricte que dans bien d'autres pays membres.

Le Grenelle de l'environnement, dans son article 28, entend éliminer les produits phytopharmaceutiques jugés dangereux « en fonction de leur substitution ». C'est une mesure ambitieuse et responsable, à condition que la France obtienne une harmonisation au sein de l'Europe.

Je suis très attaché au principe de substitution des produits phytopharmaceutiques avant leur élimination du marché, pour ne pas laisser les producteurs de fruits et légumes ainsi que les viticulteurs sans alternative efficace pour leurs cultures.

La France doit ainsi prouver que le développement des pratiques agricoles durables, dont l'agriculture biologique, peut se concilier avec « les impératifs de production quantitative, d'efficacité économique et de robustesse au changement climatique ».

Le Grenelle démontre que l'économique et l'écologique ne sont pas antinomiques, car le développement des énergies renouvelables représente une chance pour les filières agricoles consommatrices, à condition que les exploitants puissent y accéder dans des conditions adaptées : je pense particulièrement aux serristes.

Les objectifs avancés pour développer une agriculture biologique dans notre pays sont ambitieux, mais ne sont pas hors de portée : 6 % de la surface agricole utile en 2013 ; 20 % en 2020 ; 15 % de produits bio dans la restauration collective publique en 2010 et 20 % en 2012 ; part identique pour les produits saisonniers et ceux de proximité ; 50 % des exploitations engagées dans une démarche de certification environnementale en 2012.

Le Grenelle, dans son article 7, vise également à protéger l'outil agricole par la lutte contre la régression des surfaces agricoles, limitant l'étalement urbain. Au travers de cette loi, les agriculteurs et les représentants des chambres d'agriculture sont confirmés dans leur rôle majeur en matière d'aménagement du territoire.

Le recul de la biodiversité dans de nombreuses zones agricoles est vérifié au travers de certains indicateurs. Aussi mettre fin à la réduction de la biodiversité et à la simplification des paysages constitue-t-il une priorité. Il paraît cohérent de se donner les moyens d'agir globalement sur la totalité d'un territoire, et non plus seulement sur le territoire d'un certain nombre d'exploitations. C'est la raison d'être de la mise en place d'une trame verte nationale.

Mais comment concevoir une trame verte sans un partenariat équilibré avec le monde agricole ? La trame verte nous permettra de préserver la biodiversité et en particulier la biodiversité ordinaire.

À nous maintenant de prolonger et de coordonner cet élan au niveau de nos territoires, car la véritable traduction se joue dans nos circonscriptions en associant l'ensemble des acteurs. C'est en ce sens que je vous soumets l'idée de créer un club des maires pour capitaliser nos expériences et faire émerger des projets fédérateurs. Ce club est directement inspiré de l'Agenda 21 du Grenelle. Il serait mis en place pour capitaliser et faire fructifier toutes les initiatives prises par les collectivités locales en la matière. Ainsi, il pourrait, par exemple, être en prise directe avec le monde agricole pour accorder nature et agriculture. Dans les zones rurales, l'agriculture peut représenter un vecteur commun pour mobiliser les maires et les élus locaux autour d'une démarche environnementale.

Accompagner la mutation agricole, c'est protéger notre patrimoine environnemental. C'est dans cet esprit que je participe et continuerai de participer activement aux prochains Grenelle.

Nous devons changer notre modèle de croissance en anticipant l'ère de la rareté des ressources naturelles et énergétiques, en anticipant la hausse des prix et en réduisant les besoins en eau, en matières premières, en énergie, en consommation d'espace, afin de rendre notre croissance plus durable. Nous mettrons alors en place une « croissance écologique », capable de tirer profit de toutes les opportunités nouvelles qu'offre le développement durable. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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