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Intervention de Monique Boulestin

Réunion du 23 juillet 2007 à 21h45
Libertés et responsabilités des universités — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMonique Boulestin :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, à la suite des interventions entendues cet après-midi et à l'instant, je tiens à m'inscrire sans dogmatisme dans une réflexion constructive. En effet, la réforme profonde et ambitieuse que nous appelons tous de nos voeux exige du courage et constitue un vrai défi pour l'avenir. Or, aujourd'hui, à la lecture du projet qui nous est proposé, il apparaît que l'État se désengage et n'aborde pas les sujets de fond sur lesquels cette réforme pouvait être bâtie.

J'évoquerai trois points, déjà évoqués au cours du débat, qui représentent autant de freins à la mise en oeuvre de ce qui devait être, selon les mots du Président de la République, une « mission absolument prioritaire au sein du Gouvernement ».

Le premier est la lutte contre la précarité dont souffrent étudiants et jeunes chercheurs, à laquelle s'ajoute la dérive induite par la création d'emplois contractuels. La précarité financière oblige les plus démunis à travailler dans des conditions difficiles, qui les privent d'une réelle implication dans leurs études. Les difficultés sociales imposent d'autres mesures et d'autres moyens d'accompagnement que ceux qui sont proposés, notamment un accompagnement médical et paramédical, pratiquement inexistant aujourd'hui au sein de l'université. Quant aux problèmes d'hébergement, ils appellent déjà un investissement de la part des villes, des agglomérations et des régions.

Le second point tient à la nécessité, pour garantir de meilleurs cursus, de clarifier la lisibilité de notre système éducatif et universitaire à différents niveaux, notamment pour ce qui est du rôle des différentes composantes de notre université et de celui de l'État. N'oublions pas que la recherche des fonds propres accroîtra non seulement les disparités entre les universités mais aussi la distance entre l'université et les missions de service public qui sont aujourd'hui les siennes. Les fusions annoncées ne feront qu'aggraver les inégalités territoriales, alors que les PRES, initialement prévus, devaient permettre une mise en cohérence des universités.

Le troisième point concerne l'échec du premier cycle, qui impose que les dispositifs annoncés passent par des conditions exigeantes pour l'État. Dans ce domaine, une réforme est attendue tant par les enseignants que par les étudiants, qui, tous, rejettent ce parcours de l'échec.

La mauvaise orientation dénoncée par tous appellerait d'autres réponses, et le faible niveau d'encadrement impose d'autres moyens. Nous savons aujourd'hui que celui des universités est inférieur à celui des lycées. Les difficultés d'insertion professionnelle, quel que soit le diplôme obtenu, sont à prendre avec davantage de considération, pour ne citer que cet exemple.

Madame la ministre, une gouvernance moderne, puisque tel est le thème central de cette réforme, ne peut s'appuyer uniquement sur le renforcement du rôle du président de l'université. (« Bien sûr ! » sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)

Pour réussir, celui-ci doit être en phase avec l'ensemble de la communauté universitaire, ce qui ne sera plus le cas, dans le cadre de ce nouveau projet. Par ailleurs, le désengagement global de l'État constitue un recul, qui pèsera lourd sur les collectivités territoriales et ne répondra pas à l'ambition affichée par le Gouvernement en termes de développement économique et d'aménagement du territoire. Mais les critères de Shanghai sont sans doute devenus les lois universelles derrières lesquelles nous devons désormais nous aligner. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)

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