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Intervention de Sandrine Mazetier

Réunion du 28 mai 2009 à 15h00
Promouvoir une autre répartition des richesses — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Mazetier :

…se sont révélés ce qu'ils sont toujours : illusoires et mensongers. À la première occasion qui vous était donnée d'agir, vous avez trouvé urgent de ne surtout rien changer et de rejeter en bloc nos propositions. Vous le faites encore aujourd'hui.

Parce que vous êtes même gênés par le débat, vous avez refusé de vous prononcer, article par article, sur la suppression du bouclier fiscal, sur le plafonnement de la rémunération des dirigeants à vingt-cinq fois le salaire de base dans l'entreprise ou encore sur la limitation des parachutes dorés et des stock-options.

Alors que les Français sont durement touchés par la crise, que nombre d'entre eux perdent leur emploi, voient leur salaire stagner, leur pouvoir d'achat s'effondrer, notamment les plus modestes, il est incompréhensible de continuer à leur apporter pour seule réponse le renforcement des inégalités en maintenant le bouclier fiscal pour les plus favorisés de ce pays ou de laisser des dirigeants d'entreprises gagner trois cents fois, voire quatre cents fois, le salaire de base dans une entreprise.

Jean-Pierre Brard l'a rappelé : depuis dix ans, les très hauts revenus de notre pays ont explosé comme jamais dans l'histoire. Depuis 2002, le salaire des 90 % des salariés les moins payés stagne ; celui des dirigeants des grandes sociétés s'envole. La croissance annuelle moyenne des très hauts revenus est même plus élevée en France qu'aux États-Unis, auxquels vous faisiez allusion, monsieur le ministre. Le taux de croissance des salaires des 3 500 ménages les plus aisés est de 51 % sur la dernière décennie, seize fois plus que celui des salaires de la grande majorité de la population. La rémunération annuelle moyenne des dirigeants du CAC 40 est passée d'environ 800 000 euros – ce qui n'était déjà pas mal – en 1998 à plus de 2 millions d'euros en 2007, soit une hausse de 150 % ! Quel salarié dans ce pays a eu 150 % d'augmentation récemment ?

Cette hausse est due non pas aux salaires, mais principalement aux stock-options et aux actions gratuites. Une infime minorité, pour ne pas dire une caste ou un ordre, pour reprendre les termes de Patrick Roy, a accaparé les gains de la croissance et capté l'essentiel de la richesse nationale en renforçant massivement les inégalités de revenus. Elle est là, la spoliation, monsieur Novelli.

Cette explosion des inégalités marque une rupture historique par rapport à la situation qui a prévalu pendant près d'un demi-siècle. Et il n'existe absolument aucune justification économique, aucune rationalité à ce niveau de rémunération et à ces écarts salariaux : le montant ahurissant de ces rémunérations ne récompense ni le risque pris ni la performance réalisée par leurs heureux bénéficiaires !

Qui peut croire, en effet, que la valeur travail d'un dirigeant du CAC 40 qui touche trois cents fois le SMIC est, par exemple, cent fois plus élevée que celle d'un patron d'une PME de moins de cinquante salariés, dont la rémunération moyenne est de trois SMIC environ ? Ni nous ni vous-même, monsieur le ministre – c'est trente fois le salaire d'un ministre. Un dirigeant du CAC 40 est-il trente fois plus intelligent et performant que vous ou que Mme Lagarde ?

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