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Intervention de Jean-Louis Léonard

Réunion du 16 juin 2009 à 15h00
Développement et modernisation des services touristiques — Discussion d'un projet de loi adopté par le sénat

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Léonard, rapporteur de la commission des affaires économiques, de l'environnement et du territoire :

Si le tourisme apparaissait comme une activité de premier plan avant la crise, il revêt aujourd'hui une importance stratégique. Il constitue de plus un formidable amortisseur des effets de la situation économique et sociale que nous connaissons aujourd'hui, comme l'a indiqué M. le secrétaire d'État.

En effet, il s'agit d'abord d'un secteur fortement pourvoyeur d'emplois, avec deux millions d'emplois directs et indirects, non délocalisables. Le rythme de création d'emplois, de près de 30 000 par an depuis 1997, devrait s'accélérer grâce à la mesure forte du taux de TVA à 5,5 % dans la restauration, qui trouve désormais sa traduction concrète à l'article 10 bis A du texte adopté par la commission des affaires économiques, introduit par un amendement du Gouvernement.

Fruit d'un long combat avec nos partenaires européens, cette mesure, pour laquelle je tiens à saluer l'action prépondérante du Président de la République, vient à point nommé pour les professionnels, qui ont, avec le contrat d'avenir signé le 28 mars dernier, pris des engagements forts en termes d'emplois, de prix et d'investissement. Engagements dont le comité de suivi que vous allez établir, monsieur le secrétaire d'État, permettra de vérifier la réalisation. Le Parlement, qui participera à ce comité, y sera très attentif.

Le tourisme reste le premier poste excédentaire de notre balance commerciale, devant l'agroalimentaire et l'automobile. Mais en dépit de ce constat satisfaisant, force est de constater que la position de la France comme première destination touristique mondiale est menacée.

En effet, depuis 1990, la France a perdu trois points de parts de marché mondial en matière d'arrivées internationales de touristes et deux points en matière de recettes. Cette tendance se poursuit, et la France n'occupe plus aujourd'hui que la troisième place en termes de recettes, derrière les États-Unis et l'Espagne. J'ajoute qu'au niveau national, le tourisme n'a jamais fait l'objet d'une attention à la hauteur de son importance économique et sociale.

Face à cette situation, le Gouvernement a choisi de réagir vigoureusement, dans la droite ligne des orientations arrêtées lors des dernières Assises du tourisme de juin 2008. Le projet de loi de développement et de modernisation des services touristiques, adopté en première lecture au Sénat, est un formidable outil pour reconquérir des parts de marché et faire de la France le leader mondial en termes de destination. Ce texte se propose d'atteindre cet objectif en agissant sur l'offre en modernisant l'environnement juridique des professionnels, au premier chef celui des agences de voyages, mais également celui des transporteurs de tourisme avec chauffeur ou encore des offices de tourisme et des communes touristiques ; en initiant une vaste réforme du classement de l'ensemble des hébergements touristiques, il vise à redonner au secteur une image rénovée. Il agit aussi sur la demande, d'une part, en créant les conditions d'un véritable essor du dispositif des chèques vacances, notamment dans les petites et moyennes entreprises, et, d'autre part, en renforçant le cadre juridique protecteur des droits du consommateur, en particulier s'agissant des dérives du temps partagé. La commission des affaires économiques a souhaité conforter ce cadre protecteur à travers plusieurs amendements.

Enfin, le projet de loi dote l'État d'un véritable bras armé dans le domaine de la promotion, de la qualité des hébergements et de l'expertise touristique en créant une nouvelle agence de développement touristique, aux compétences très élargies par rapport à celles des structures antérieures. Celle-ci aura la taille critique suffisante pour rivaliser avec ses homologues européens, comme Turespaña pour l'Espagne ou Visit Britain pour la Grande-Bretagne.

S'agissant tout d'abord de la nouvelle législation applicable aux professionnels de la vente de voyages et de séjours, prévue à l'article ler, cette modification du cadre juridique impliquera une mise en conformité avec les dispositions de la directive européenne dite « services ». Cette réforme se traduit par une simplification et une unification des régimes applicables en maintenant la protection du consommateur. La commission des affaires économiques a cependant tenu à clarifier le régime juridique applicable aux émetteurs de coffrets-cadeaux. Elle a adopté, à l'unanimité, une disposition qui soumet les entreprises créatrices de ces bons au droit commun de la vente de voyages et de séjours. Le développement de leur activité a d'ailleurs tout à y gagner. Je vous proposerai, en outre, un amendement adopté par la commission lors de sa réunion au titre de l'article 88, qui vise, a contrario, à établir clairement l'absence de responsabilité des simples distributeurs de ces bons car ils n'ont aucune prise sur la création du produit et la réalisation finale des prestations.

J'évoquerai brièvement les entrepreneurs de grande remise qui, désormais, n'exerceront plus simplement la profession de transport de tourisme avec chauffeur. L'encadrement législatif qui leur est applicable est également allégé et simplifié tout en assurant la sécurité des personnes transportées.

Dans le même ordre d'idée, la commission des affaires économiques, bien que sensibilisée à la nécessité d'encadrer l'activité des motos-taxis, s'est heurtée à un dispositif, introduit au Sénat, très restrictif pour cette profession et de nature quasi-réglementaire. Elle a donc décidé de supprimer l'article 4 bis A et le chapitre afférent. Elle a néanmoins adopté, au titre de l'article 88, l'amendement proposé par notre collègue Didier Gonzalès, qui poursuit le même objectif, car sa disposition aurait l'énorme avantage de répondre au besoin des consommateurs des professionnels et a, de plus, fait l'objet d'un examen approfondi des services du ministère de l'intérieur.

S'agissant de l'offre d'hébergement, le projet de loi réalise une vaste réforme du classement des hébergements touristiques marchands, en particulier du classement hôtelier. Cette réforme, mise en oeuvre aux articles 8 et 9 du projet de loi, était très attendue par les professionnels et les clients. Outre l'actualisation du référentiel du classement, déjà engagée par l'arrêté du 22 décembre 2008, elle comprend une profonde modification de la procédure de classement en transférant la responsabilité de l'évaluation et du contrôle des établissements à des organismes évaluateurs indépendants et agréés par le COFRAC. La notification restera cependant une prérogative préfectorale sur laquelle, je vous l'avoue, monsieur le secrétaire d'État, j'aurais jugé préférable de revenir pour la confier à l'agence. Le processus en aurait été simplifié et probablement plus moderne. Tous, experts et professionnels, s'accordent à le dire. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la commission des affaires économiques a introduit un article 9 bis A, comme vous le rappeliez, qui prévoit le dépôt d'un rapport, dans un délai de deux ans, sur la mise en oeuvre du classement. Les conclusions de ce rapport permettront à la Représentation nationale de rendre le classement obligatoire si le taux constaté n'est pas satisfaisant, ou d'apprécier la maturité de l'agence et de lui confier alors, sous la responsabilité de votre secrétariat d'État, le processus complet de classement des hébergements.

Quoi qu'il en soit, la réforme prévue par le projet de loi constitue une avancée très importante qui ne demande qu'à s'approfondir. Tel est le sens des amendements adoptés par la commission, notamment ceux visant à garantir l'indépendance des organismes évaluateurs, à étendre la procédure prévue pour les hôtels à l'ensemble des hébergements touristiques marchands, et à simplifier la procédure relative aux chambres d'hôtes. Il y va de la qualité de notre hébergement et de l'image touristique de la France vis-à-vis de nos clients étrangers.

Le nouveau classement va imposer des efforts très importants aux professionnels en termes d'adaptation et de rénovation de leur offre. C'est pourquoi la commission a conforté la proposition du Sénat visant à ce que rendez-vous soit pris, sous la forme d'un rapport mesurant l'impact de ces mesures et transmis au Parlement.

Il faudra aussi faire le point sur notre offre d'hébergement touristique, en particulier sur la nécessaire modernisation du cadre juridique et fiscal des résidences de tourisme. Une fois dressé, ce constat permettra de procéder notamment à la réhabilitation du parc d'hébergement existant et de mettre fin à certains abus, particulièrement en zone rurale.

S'agissant de la demande, le projet de loi crée les conditions favorables à l'essor du dispositif des chèques vacances en l'étendant aux entreprises de moins de cinquante salariés, essor que la loi du 12 juillet 1999 n'avait pas su faire naître. Le Sénat a considérablement enrichi cette partie du texte, notamment en permettant aux dirigeants de ces entreprises d'avoir accès aux chèques vacances à titre individuel. Je vous propose, monsieur le secrétaire d'État, de parachever ce dispositif en exonérant totalement de charges sociales la contribution de l'employeur. Je vous assure que lever le gage sur l'amendement que notre commission a adopté sur l'exonération de CSG et de CRDS serait un geste très fort et de pure équité en faveur des chefs d'entreprises et des salariés des PME !

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