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Intervention de Frédéric Lefebvre

Réunion du 22 septembre 2008 à 21h30
Revenus du travail — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Lefebvre :

En France, on a longtemps cru que le partage du travail pouvait régler la question de la croissance économique et de l'emploi. Or, dans les faits, la France n'a eu ni l'une ni l'autre. Le partage du travail a rendu impossibles la modulation du temps de travail et la possibilité de travailler plus pour gagner plus. Il a augmenté le stress au travail et écrasé la progression du pouvoir d'achat.

Le partage des revenus du capital peut-il réussir là où le partage du travail a échoué ? Je dirai volontairement oui car il contribue à réhabiliter le travail. On a commencé à le réhabiliter avec les heures supplémentaires, on va maintenant réduire l'écart entre capital et travail.

Ce partage a commencé sous l'impulsion du général de Gaulle dans un discours prononcé à Strasbourg le 7 avril 1947. Il s'interrogeait sur les relations existantes au sein des entreprises :

« Faudra-t-il donc que nous demeurions dans cet état de malaise ruineux et exaspérant où les hommes qui travaillent ensemble à une même tâche opposent organiquement leurs intérêts et leurs sentiments ? [...] Non ! La solution humaine, française, pratique de cette question qui domine tout n'est ni dans cet abaissement des uns, ni dans cette servitude de tous. Elle est dans l'association digne et féconde de ceux qui mettraient en commun, à l'intérieur d'une même entreprise, soit leur travail, soit leur technique, soit leurs biens, et qui devraient s'en partager, à visage découvert et en honnêtes actionnaires, les bénéfices et les risques.

« Certes, ce n'est pas cette voie que préconisent, ni ceux qui ne veulent pas reconnaître que rehausser la dignité de l'homme, c'est non seulement un devoir moral mais encore une condition du rendement, ni ceux qui conçoivent l'avenir sous la forme d'une termitière. Mais quoi ? C'est la voie de la concorde et de la justice fructifiant dans la liberté ! ».

À partir de cette conviction gaullienne du partage des revenus du capital furent adoptés plusieurs textes juridiques sur la participation créant ce que l'on a progressivement appelé l'épargne salariale, avec ses dispositifs dérivés ou connexes, intéressement, plan d'épargne d'entreprise, plan d'épargne retraite collectif, actionnariat salarié.

Aujourd'hui, la France peut se féliciter que 72 % de ses salariés bénéficient d'une participation, 54 % d'un intéressement et 55 % d'un plan d'épargne, mais dire cela, c'est ne regarder que le verre à moitié plein car la moitié des Français ne bénéficient pas d'un plan d'intéressement ou d'épargne. C'est la raison pour laquelle, en matière de partage du capital, il faut plutôt inciter et assouplir pour que les PME puissent croître et distribuer équitablement à l'ensemble de leurs salariés.

Voici un exemple qui illustre parfaitement la situation. Une secrétaire d'un grand groupe comme Total qui travaille au siège dispose d'un capital quand elle part à la retraite car elle a bénéficié tout au long de sa carrière de la participation et d'un intéressement. Si elle travaille dans la station d'essence qui est en face, une PME, elle part sans rien.

C'est une inégalité, mesdames, messieurs de l'opposition, à laquelle vous ne vous êtes jamais attaqués. (Protestations sur les bancs du groupe SRC.)

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