Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Roland Muzeau

Réunion du 22 septembre 2008 à 21h30
Revenus du travail — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoland Muzeau :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, je ne m'attarderai pas plus qu'il n'est nécessaire sur les conditions affligeantes dans lesquelles nous entamons le débat sur ce texte, le premier de cette nouvelle session extraordinaire.

Je soulignerai simplement que, tout juste après avoir fait adopter un texte de réforme constitutionnelle dont l'objectif affiché était de donner plus de pouvoir au Parlement, la précipitation et le mépris du travail parlementaire restent visiblement de mise. Chassez le naturel, il revient au galop !

C'est ainsi que nous sommes conviés à débattre, au cours de la même semaine, de deux textes importants touchant à la vie au travail : d'abord, le présent projet de loi sur les revenus du travail, troisième loi du genre depuis le début de la législature, ce qui témoigne de la cacophonie ambiante et de l'inefficacité pour les salariés de tout ce qui a été adopté ici même ; ensuite, le RSA.

Ironie de l'histoire, nos débats se déroulent dans une période touchée par la crise boursière internationale dont les coûts s'élèvent déjà, selon certains spécialistes, à 20 000 milliards de dollars.

Alors que plusieurs dizaines de conventions collectives ont aujourd'hui des grilles salariales où le premier échelon démarre en dessous du SMIC et qu'un tiers des SDF sont des gens qui travaillent, ces sujets mériteraient que l'on s'y attarde. Nous serions en droit d'attendre autre chose que des débats menés à la hussarde, au rythme des caprices présidentiels.

Vous noyez l'Assemblée sous une avalanche de textes législatifs, sans doute pour mieux en étouffer l'expression démocratique. À croire que vous redoutez le débat !

S'agissant du projet de loi qui nous occupe, vous affirmez qu'il porte l'ambition de mettre en place « un cadre plus favorable à la dynamisation des revenus du travail ». Rien de moins ! Qu'en sera-t-il vraiment, par-delà l'affichage politique ?

Ce texte est-il de nature à apporter un début de réponse à l'inquiétude croissante de nos concitoyens, qui placent le pouvoir d'achat au premier rang de leurs préoccupations ? Il est permis d'en douter. Car fidèles à votre politique de rigueur salariale et de baisse du coût du travail, laquelle trouve un puissant appui auprès de la Banque centrale européenne, vous n'entendez en aucune manière vous pencher sur l'épineux dossier de la hausse des salaires.

Vous entreprenez donc de relancer le pouvoir d'achat en usant des recettes désormais éculées qui consistent à engager de nouvelles dépenses fiscales et inciter les salariés à puiser dans leur épargne. Une stratégie vouée à l'échec, mais à laquelle vous vous accrochez comme l'huître à son rocher, malgré les remous de la conjoncture économique.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion